Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’Éducation

Respectable Loge, Le Myosotis de Vorgium, Orient de Treffin- Carhaix, Région 9 Ouest

Mots Clefs : ÉgalitéÉmancipationFondamentalismeFraternitéRéussite

L’éducation et les valeurs de la République

Il convient, avant toute chose, de bien savoir de quoi on parle. Étymologiquement, le mot « éducation » vient du latin classique educatio lui-même de la famille de educere « faire sortir, élever ». L’éducation est donc une action appliquée à un ou plusieurs individus afin de les faire sortir au-dehors, de leur donner les moyens de grandir à l’extérieur, avant tout pour leur montrer ce qui existe en-dehors d’eux-mêmes, leur famille, puis en leur montrant ce qui existe en-dehors de cette famille, la société dans laquelle ils vont devoir s’insérer, à savoir, pour la France du XXIe siècle, la Ve République.

Cela nécessite un passage par l’École qui est chargée de transmettre les valeurs de notre société. N’oublions jamais que lorsqu’un régime autoritaire se met en place, il commence par s’attaquer à la culture et à l’École qui sont les deux plus sûrs moyens de véhiculer rapidement et efficacement les valeurs prônées par toute société. La frontière est plus que mince entre utopie et contre-utopie et les récents événements de Conflans-Sainte-Honorine nous le rappellent cruellement.

Rappelons qu’il n’y a pas de liberté sans une solide éducation, qu’il n’y a pas d’égalité sans un même accès aux mêmes contenus par tous quels que soient leur sexe, leur origine et leur religion, et qu’on ne peut parler de fraternité si ce contenu ne reflète pas une laïcité universaliste qui exige comme préalable à toute situation d’enseignement de laisser à la porte de l’école tout moyen de prosélytisme religieux et politique et de permettre à chacun, au sein de cet espace préservé, de s’exprimer en toute liberté, mais sans jamais oublier que la liberté d’expression se doit de respecter les limites fixées par la Loi. Car, si l’École est un lieu à part, elle ne peut en aucun cas s’affranchir des Lois de la République.

On entend beaucoup parler du concept d’équité. S’il est indispensable dans la manière d’arriver à un même but fixé par l’Institution, il ne doit, en revanche, en aucun cas se substituer à celui d’Égalité qui est seul garant de la finalité que la mise en œuvre de moyens équitables va permettre.

Dépasser les clivages pour faire réussir tous les élèves

Mais si l’École est centrale au sein de notre République, le sujet divise la société en deux camps a priori irréconciliables : les tenants d’un enseignement progressiste et les tenants d’un enseignement passéiste.

Dans le premier camp, nous pouvons trouver, pêle-mêle, ceux qui sont pour une méthode globale d’apprentissage de la lecture, ceux qui se réclament de la méthode « Montessori », ceux qui, comme Céline Alvarez, utilisent les progrès des neurosciences, etc …

Dans le second camp, nous pouvons trouver ceux qui sont pour un apprentissage syllabique de la lecture, ceux qui veulent le retour des diplômes, des matières et des exercices discriminants, ceux qui sont pour un certain élitisme dont le lycée et le baccalauréat, son aboutissement, seraient les emblèmes, etc …

En réalité, en opposant un passé figé à un présent mouvant, on compare des choses qui ne sont pas comparables. Et si on peut considérer qu’il y aurait des méthodes immuables et éprouvées d’enseigner, la situation socio-historique dans laquelle ces méthodes vont s’insérer évolue sans cesse et c’est le rôle des politiques que d’essayer d’adapter l’Institution aux réalités sociétales en s’inspirant de ces pratiques.

Mais quelles que soient les décisions qu’ils pourraient prendre, ils ne doivent jamais perdre de vue que la vraie question en matière d’éducation, c’est de savoir comment mettre en œuvre des solutions parfois contradictoires pour parvenir à faire réussir un élève que la loi d’orientation de 1989 et les suivantes ont mis au centre du système éducatif.

Car ce n’est qu’à partir de là que pourront se poser toutes les autres questions comme la nature et la valeur des diplômes, la nécessité ou non d’une sélection, mais surtout celle de l’avenir de ces élèves dits « ascolaires » ou « décrocheurs » et qu’on oblige à fréquenter un même collège en ignorant leurs besoins particuliers, ce qui peut être vécu comme une violence institutionnelle.

Certes, au nom de l’égalité devant le service public, ils doivent se plier aux règles communes. Mais, ce faisant, nous occultons la notion d’équité, qui reflète l’obligation de moyens qui incombe à l’Institution. La réforme Haby prévoyait la possibilité institutionnalisée de faire son CP et/ou sa 6e en un ou deux ans afin que les enfants puissent consolider leurs apprentissages à leur rythme sans que ça les pénalise. Valéry Giscard d’Estaing, qui a tranché in fine, a décidé que cet aspect de la réforme ne serait pas mis en œuvre. Pourquoi ne pas décider de s’en inspirer pour aider ces élèves en perdition ?

Le niveau quatrième pose problème depuis l’instauration du collège unique. Il correspond à l’âge où, autrefois, certains partaient en apprentissage ou passaient leur certificat d’études. Pour remédier aux problèmes posés par cette population, de nombreux dispositifs introduisant une dose plus ou moins importante d’enseignements concrets et d’éducation à l’orientation ont été successivement essayés comme les 4e CPPN, ASS, AS, techno, etc … qui ont tous prouvé leur inefficacité, non pas parce que l’idée était mauvaise, mais parce que la décision politique qui a accompagné leur mise en œuvre n’a pas été à la hauteur de l’ambition du projet.

Il est temps que, tout en prenant en compte la réalité socio-économique actuelle, un véritable projet pérenne et efficace soit mis en œuvre pour valoriser ces laissés pour compte de la République.

L’École et le modèle économique

Cela nécessite obligatoirement de s’interroger sur la pertinence d’orienter précocement des enfants vers une filière professionnalisante alors que la loi est de plus en plus contraignante concernant la responsabilité des employeurs, que de plus en plus il faut avoir atteint la majorité pour prétendre avoir accès à l’emploi et que la réalité du marché du travail réclame surtout une main d’œuvre qualifiée. A cet égard n’est-il pas pertinent de retarder l’arrivée des jeunes sur le marché du travail et donc de déplacer les prétentions élitistes de l’Institution vers le post bac ? Derrière ces aspects, se dissimule le modèle économique choisi par les politiques et qui, s’il est indissolublement lié au sujet qui nous préoccupe, constitue l’objet d’un autre débat. Cependant, il pose néanmoins la question de savoir comment lier l’enseignement scolaire au marché du travail.

Le principe qui prévaut actuellement consiste à retarder l’orientation définitive au maximum tout en dispensant un enseignement assez général pour permettre à tout moment d’avoir le choix, et à offrir à tout élève la possibilité de se réorienter facilement. Pour louables et légitimes que puissent être ces principes, ils continuent de ne concerner que des élèves insérés dans le milieu scolaire. Il faut donc aller plus loin et proposer de véritables solutions à ces élèves décrocheurs avant même qu’ils décrochent ou qu’ils se retrouvent dans une position si délicate que la possibilité des réorientations aura rendu leur parcours à la fois chaotique et épuisant, au point qu’ils en finissent par l’abandonner. Mais encore une fois, nous revenons au modèle économique que nous voulons privilégier, car ces solutions, on le sait, si elles existent bel et bien, sont surtout pécuniairement gourmandes. Or, alors qu’on parle au nom de la Fraternité, notre société est-elle vraiment prête à dépenser plus d’argent pour si peu d’élèves ?

Agir ainsi serait pourtant, parmi d’autres, un excellent moyen se battre contre ce qui menace au premier plan les valeurs de la République, le Fondamentalisme islamique ainsi que le meurtre ignoble de Samuel Paty, au motif qu’il avait fait son métier en évoquant la liberté d’expression et le droit à critiquer des idées religieuses, donc à caricaturer, vient encore une fois de nous le rappeler. Il est plus que temps de faire face à ce problème de manière autoritaire, certes, mais républicaine et sans tomber dans les pièges d’une pensée extrême. A cet égard, lisons et relisons le rapport Obin de 2004 car des solutions existent qui nécessitent de réfléchir à ces autres problèmes qui dépassent l’école mais sans lesquels aucune action efficace ne peut être envisagée : les politiques économique, intérieure et extérieure de la France. En effet, derrière toutes ces mouvances intégristes qui perpètrent des attentats sur le sol de notre pays depuis au moins 1995 et le drame du métro Saint-Michel, se cachent des organisations qui prônent le djihad à savoir, selon le petit Robert « une guerre sainte menée pour propager ou défendre l’islam ». Il s’y trouve également toute une nébuleuse économique puissante qui s’appuie soit sur les pétrodollars et, notamment, le pays qui a financé Al Qaida, l’Arabie Saoudite ; soit sur le narcotrafic et son économie souterraine qui gangrène ce qu’on appelle pudiquement les « quartiers » et qui sont surtout des poches communautaristes de fait, le plus souvent aux mains de caïds pour lesquels la religion n’est qu’un moyen de faire leurs trafics en toute tranquillité.

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