Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’Intelligence Artificielle au secours de la survie sanitaire des humains, en particulier en Corée du Sud, par le traçage de leur déplacement

Respectable Loge, Les Amis des Hommes, Orient de Lyon, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : Covid-19IALibertés individuelles

L’Intelligence Artificielle au secours de la survie sanitaire des humains

En réaction à la pandémie, le gouvernement français a pris la décision d’une mise en confinement de l’ensemble de la population sur l’ensemble du territoire. Le choix du confinement est une réponse radicale au besoin pressant d’endiguer urgemment la propagation du virus. Réponse radicale mais non simpliste et provoquant, sans chercher l’exhaustivité, des impacts sur l’économie, l’éducation, le service public, le fonctionnement de nos institutions, la stabilité et la cohérence de notre société.

La réflexion du groupe de travail s’est concentrée sur la question de savoir si une technologie telle que l’intelligence artificielle pouvait jouer un rôle dans cette recherche de moyens pour arrêter la propagation du virus. Cette question émane du raisonnement suivant : le virus Covid-19 sars2 attaque la masse de l’humanité, le gouvernant doit protéger la masse de ses citoyens, faut-il alors passer par une gestion de masse de données personnelles pour atteindre cet objectif de protection ?

Ce rapport synthétise les réflexions partagées lors des séances de travail du groupe qui se sont déroulées pendant la période de confinement.

L’intelligence artificielle, acronyme IA, est, dès le départ, une approche combinée plus ou moins équilibrée entre la science et la marchandisation.

L’IA est aujourd’hui inévitable c’est-à-dire qu’elle ne disparaitra pas mais il ne s’agit pas pour autant de considérer que son hégémonie soit incontrôlable et imposable. Dans plusieurs domaines, tels que le traitement d’image ou de son, l’IA s’est rendue indispensable et en cela elle est respectable mais, en retour, il nous faut la tenir en respect. Il faudrait « pouvoir » la diriger, convenir d’une cible pour son application. L’IA ne doit pas être simplement vue comme un point de départ, un moyen mais bien comme une réponse à des besoins définis par nos sociétés.

La technologie IA reçoit un accueil différencié au sein de notre société. De manière vulgarisée, on peut dire qu’une tranche de la population, souvent liée à la nouvelle génération, n’a pas d’avis énoncé mais l’utilise sans y voir à redire ou à se méfier. Les services rendus sont appréciés et leur gratuité leur assure une pénétration aisée dans les usages et pratiques. Il y aurait une quasi-sanctification de cette technologie par cette catégorie d’utilisateurs. Maintenant, et de manière tout aussi simplifiée, pour la génération des plus de 40 ans, l’IA est plus systématiquement stigmatisée par méfiance. L’IA a une image plutôt négative à cause de l’impact insidieux de celle-ci sur nos relations sociales, sur nos comportements, sur ce rythme imposé de l’immédiateté, de cette ultra-connectivité entre soi et également avec des objets.

Avec l’ombre de l’ouvrage « 1984 » de George Orwell hantant l’inconscient de tous, nous avons discuté de l’accueil d’une telle application au sein de notre société française. Au moment de nos échanges soit quelques semaines avant la publication de l’application Stop-Covid, il y avait encore une double méfiance :

la première sur les choix techniques en cours d’étude pour développer cette application: Bluetooth à précision variable d’un mobile à un autre du fait de leurs conceptions et de leurs vétustés différentes ; Réflexion sur le choix de la localisation du stockage des données chez des hébergeurs non français ; Le manque de garantie pour empêcher une exploitation de ces données personnelles avec d’autres visées que de stopper la propagation de la Covid-19 et enfin la méfiance sur l’élaboration de la mécanique devant rendre anonyme l’identité du propriétaire du mobile.

La deuxième méfiance étant plutôt une défiance vis-à-vis du gouvernement français conséquence de la manière parfois jugée hasardeuse de gérer le stockage et la distribution des masques.

Chaque technologie arrive avec un nouveau champ des possibles qui modifie un monde. La première utilisation est souvent toujours pour le pire. Pour faire un parallèle, l’écriture, l’imprimerie, l’énergie ont structuré de nouvelles façons de pensée et ont ouvert la porte à de nouvelles possibilités de construire le monde de demain : L’écriture a tué la transmission orale ; L’imprimerie a tué la couleur en imposant dans les premiers temps les écrits en noir et blanc ; L’énergie électrique a bouleversé nos rythmes de vie en permettant d’institutionnaliser le travail la nuit.

Mais, gardons raison, il ne faut pas juger une technologie ‘hors sol’, c’est-à-dire pour elle-même, mais au travers de ses applications. Aujourd’hui, des promesses d’une vie plus simple et sans contrainte, des capacités aux bénéfices de tous toujours plus importantes font l’objet d’une surenchère assénée par ses créateurs. Restons lucides et attentifs sans adopter un mode binaire. Ne rejetons pas systématiquement ses apports qui peuvent effectivement être prometteurs dans le monde de la santé par exemple mais n’acceptons pas aveuglement les changements au sein de nos vies indus et imposés par ces mirages technologiques.

Aussi, l’IA fait partie des outils pour ‘écrire des récits’. Le récit de l’IA passe par Instagram, TikTok. Il y a un volume de contenu tel que l’ensemble reste de mauvaise qualité malgré quelques pépites. Par des techniques de nudging, de recommandations et d’alimentation en contenu, son usage sculpte le cerveau de son utilisateur. Il y a un risque d’uniformiser les pratiques et d’appauvrir la curiosité, la réflexion et donc l’émancipation de l’Homme.

En conclusion, l’utilisation de l’IA dans la gestion d’une crise sanitaire doit être interrogée sur 3 points :

En considérant les aspects techniques de la conception de l’application Stop-Covid (Bluetooth, ancienneté des appareils) et sachant que cette application ne sera pas téléchargée par l’ensemble des citoyens, la fiabilité des résultats et l’efficacité même d’une telle solution doit être davantage prouvée.

En considérant la problématique de stockage, d’anonymisation et de valorisation des données ainsi captées, des gages de protection des libertés individuelles doivent être davantage fournis.

En considérant les effets d’infantilisation et de dépendance dans son usage, une application de type Stop-Covid va à l’encontre du besoin de responsabiliser chacun dans son comportement individuel et en société.

A lire aussi

Quelles limites à la restriction des libertés individuelles et collectives ?

« Être libre, c’est être citoyen.  C’est pouvoir vivre l’expérience du dialogue, sortir de son espace privé pour aller sur la place publique ». Cette phrase d’un philosophe grec résume bien ce qu’est la liberté....

Lire la suite
Libertés

Du maintien à domicile des personnes âgées

Contexte : épidémiologie des décès des patients atteints de CoViD-19 La pandémie liée au CoViD-19 à cruellement montré que le facteur âge a été le facteur déterminant dans les décès, comparativement au facteur comorbidités (HTA,...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde