Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’intégration politique, préalable à de nouvelles solidarités européennes

Respectable Loge, Les Trois Globes, Orient de Berlin, Région 14 Paris 4 et Loges d'Europe de l'Est

Mots Clefs : CitoyenCrise sanitaireOrdre économique européenSolidaritéUnion européenne (UE)

Une si belle idée…

La « crise permanente » que traverse l’Union européenne depuis quelques années, est le symptôme d’un manque profond de solidarités entre ses membres.

A bien y réfléchir, le Brexit n’est qu’un épiphénomène qui s’inscrit dans la droite ligne de la montée des populismes et de la tendance, forte, au communautarisme qui ébranlent l’Europe continentale. Les valeurs humanistes d’hier, celles qui ont fondé l’Europe des six, ont été mises entre parenthèses. Se rappelle-t-on le préambule du traité de Rome (1957) ? Les États membres déclarent notamment :

[être] déterminés à établir les fondements d’une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens ;

[être] décidés à assurer par une action commune le progrès économique et social de leurs pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe ;

– avoir pour but essentiel l’amélioration constante des conditions de vie et d’emploi de leurs peuples ;

La notion même d’Union européenne perd beaucoup de son sens quand les États jouent chacun leur carte intérieure, quand ils mettent en péril les libertés fondamentales inscrites noir sur blanc dans la Charte des droits fondamentaux pourtant contraignante depuis la ratification du traité de Lisbonne (2007) sauf, par dérogation, pour la Pologne et la République tchèque ce qu’on ne peut que regretter.

En réalité, il semble que l’UE se fissure, qu’elle prenne l’eau de toute part et les négociations pour l’Après Covid-19 en ont été une démonstration même si l’accord trouvé le 21 juillet après cinq jours d’intenses négociations — les décisions prises doivent encore être ratifiées par les parlements nationaux dans plusieurs pays —permet de se laisser aller, finalement, à un certain optimisme : non l’Europe « communautaire » n’est pas morte, elle est quand même en réanimation et sous respirateur. Elle a cependant à son chevet des médecins déterminés à la sauver, l’Allemagne et la France, aidées par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel, convaincus qu’« elle va s’en tirer ». Encore faut-il qu’elle sache faire face à l’accroissement des inégalités qui n’est pas pour rien dans le rejet des élites, et des élites européennes en particulier.

… à remettre en chantier…

Le plan de relance post-coronavirus, souvent qualifié d’historique, peut apparaître comme une chance pour l’Europe.

Encore faudra-t-il que sa mise en œuvre permette de créer un nouvel ordre économique européen. S’il « fait du bien » et touche les populations les plus fragilisées par la crise économique et sociale qu’a aggravée la pandémie due au SARS-Cov2, s’il parvient à casser le cercle vicieux qui fait que le repli sur soi-même soit la règle. C’est la seule façon pour que l’Union européenne retrouve du sens.

N’est-ce pas là bien plus une question de confiance qu’une question financière ? Bruxelles doit apprendre à « écouter la base » et à répondre à ses attentes : les institutions bruxelloises doivent redonner force et vigueur à des projets qui font de la « mise en commun » à l’échelle des 27 pays une priorité. Elle doit primer sur le reste et en particulier sur la mondialisation si l’on veut construire de nouvelles solidarités européennes.

… pour la faire entrer de plain-pied dans le 21e siècle.

Il faut redistribuer les cartes et s‘assurer que ce sont les populations qui bénéficient des bienfaits de l’Europe et non… les gouvernements.

C’est là un défi que les membres de l’UE doivent relever ensemble. Cela ne sera possible dans un futur proche qu’à condition que l’on (re)mette au cœur de l’UE le citoyen par plus d’intégration politique. Il faut désormais passer outre les égoïsmes nationaux pour privilégier le « communautaire », c’est-à-dire les solidarités intra-européennes. Il est urgent d’exiger de ceux qui prennent quelques distances avec les valeurs intrinsèques de l’UE, la Pologne et la Hongrie en premier lieu, de rentrer dans le rang. Il n’est plus possible de traiter des questions de réchauffement climatique, de migration, de révolution numérique ou de mondialisation, au niveau des États. Ces questions ne trouveront des solutions que dans l’émergence d’une Europe politique qui parle d’une seule voix.

C’est au pied du mur que l’on voit le citoyen européen et il n’y aura pas d’Union européenne si les politiques sociales, économiques et fiscales des 27 pays ne convergent pas. Chacun doit faire des efforts dans ce sens et Bruxelles doit définir des règles communes en matière d’assurance, de chômage, d’instauration d’un salaire minimum, etc. La crise sanitaire nous a aussi appris que la santé ne devait pas rester de la seule responsabilité des États : dans la gestion de la pandémie, la nécessité d’une politique concertée est assez vite apparue. Le renforcement des compétences de l’Union européenne dans le domaine de la santé serait par conséquent profitable aux citoyens.

On peut encore s’interroger pour savoir s’il n’est pas temps de créer une Europe de la défense pour protéger les intérêts stratégiques de l’Union européenne. Une solidarité bien comprise dans ce domaine donnerait à cette dernière la possibilité d’affronter en meilleure position les périls socio-économiques et écologiques qui la menacent tout en renforçant, plus globalement, sa sécurité. Le travail est d’ampleur, les enjeux d’importance, nous citoyens européens, nous n’aspirons au repos.

Penser de nouvelles solidarités européennes, c’est promouvoir la citoyenneté européenne et agir pour que chacune et chacun soient persuadés de la nécessité d’une Europe unie. Pour parvenir à cet objectif ambitieux, il est indispensable de renforcer l’intégration politique afin que le respect des libertés fondamentales soit toujours une priorité et que les valeurs démocratiques qui fondent l’Union européenne, ne puissent à jamais être remises en cause.

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