Le constat
Selon les données publiées par le SIPRI en avril 2019, les dépenses militaires dans le monde s’élèvent à 1 822 milliards[1] US$ en 2018, soit une augmentation de 2,6 % en prix constant par rapport à 2017 et de 5,0 % en prix courants. Les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2019 leur plus haut niveau depuis la fin de la Guerre froide. Les deux plus gros budgets militaires mondiaux sont les Etats-Unis (685 milliards de dollars) et la Chine (181 milliards). Ces deux pays représentent plus de 50% des dépenses mondiales. Les dépenses américaines ont augmenté à elles seules de 53,4 milliards de dollars l’an dernier, soit l’équivalent du septième budget mondial de la défense. « La Chine a ouvertement déclaré qu’elle voulait essentiellement concurrencer les États-Unis en tant que superpuissance militaire ». Elle explique aussi en partie le développement militaire de l’Inde (5e).
En Europe, les inquiétudes liées à la Russie (annexion de la Crimée) continuent d’alimenter la croissance des dépenses avec une hausse de 4,2% par rapport à 2018. L’Allemagne, (7e derrière la France), enregistre de son côté la plus forte progression du « top 15 » : les dépenses y ont augmenté de 10% en 2019, à 49,3 milliards de dollars.
L’Afrique connaît une très forte croissance démographique. Avec en 2030 près d’1,7 milliard d’habitants, le continent africain devrait concentrer plus de la moitié de la croissance mondiale, pour atteindre 2,4 milliards d’habitants à l’horizon 2050.Les partenariats stratégiques français de longue date avec l’Afrique ont contribué largement à maintenir au pouvoir des régimes autocratiques[2] et à ralentir le développement du continent. La légitimité et le bilan des projections de nos forces armées hors mandat de l’ONU sont discutables (exemple Libyen).
Tandis que le monde se dirige vers une potentielle récession, l’Europe doit reconsidérer les dépenses militaires face à des secteurs comme ceux de la santé et l’éducation. Elle devra aussi avancer vers son autonomie stratégique.
La problématique : analyse et réflexions
L’idée européenne même, projet de paix et de prospérité né des drames du siècle passé, est ébranlée, par le Brexit, par la crise des réfugiés, par les comportements non collaboratifs constatés lors de la crise du Covid-19 et par le doute qui naît dans nos populations sur la capacité de l’Europe à les protéger. Les menaces ont évolué. Elles sont devenues largement asymétriques. Le terrorisme islamiste a frappé le sol européen à de nombreuses reprises et se propage à de nouvelles régions. Le cyberespace est le théâtre d’actions agressives régulières d’états, de terroristes, de mafias, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour nos économies, nos démocraties et notre sécurité. La pandémie du Covid-19 a été le révélateur d’une menace singulière qui a mis à contribution les forces armées.
Aucun porte-avions, aucun char de nouvelle génération n’est en mesure de lutter contre toutes ces nouvelles menaces. L’Europe a besoin d’un outil de défense opérationnelle, performant, résilient et adapté aux nouvelles menaces. Son efficacité suppose une meilleure allocation des ressources vers les technologies susceptibles de contrer les nouvelles menaces. Son efficience suppose une mise en commun des moyens et des garde-fous face au lobbying du complexe militaro-industriel européen.
La dissuasion nucléaire est la garantie ultime de nos intérêts vitaux, de notre indépendance et, plus largement, de notre liberté de décision face aux affirmations de puissance et aux régimes autoritaires qui émergent ou reviennent, tandis que le multilatéralisme semble s’effacer devant la loi du plus fort et du chacun pour soi. Mais cette ambition ne peut se passer d’une diplomatie européenne.
Propositions concrètes, opérationnelles, disruptives
[1] Stockholm International Peace Research Institute
[2] Certains dirigeants condamnés par la Cour Pénale Internationale
[3] Opérations de Maintien de la Paix
[4] Cour Pénale Internationale
[5] Organisation pour l’interdiction des armes chimiques
[6] Nucléaire, Radiologique Bactériologique et Chimique
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