Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Nos relations à la science et la technique

Respectable Loge, La Parfaite Union, Orient de Rennes, Région 9 Ouest

Mots Clefs : AlternativeÉconomieScience sociale ou formelle

Tentatives de réflexions sur la notion d’économie

L’économie : bref rappel historique

La société humaine est passée très progressivement (et avec des superpositions) des chasseurs-cueilleurs (qui existent encore !) de la préhistoire à l’économie moderne de la révolution industrielle du 19è siècle, en passant par la naissance de l’agriculture et de l’élevage au néolithique, avec la sédentarisation.

L’écriture semble liée au commerce. Certains historiens écrivent qu’elle aurait été inventée en Mésopotamie il y a 5 500 ans, afin d’établir la comptabilité des échanges commerciaux. Avec l’invention de la monnaie, l’achat et la vente des marchandises se substituent petit à petit au troc des différents produits.

La révolution industrielle du 19è siècle transforme fondamentalement l’économie.

A la suite de la crise économique de 1929 et de la Grande Dépression, Simon Kuznets invente en 1934 la notion de « Produit Intérieur Brut », instrument de mesure de l’activité économique. Aujourd’hui, la « mondialisation » des marchés a créé une économie en réseau, dite aussi « entreprise étendue » comprenant des acteurs économiques associés. Facilitée par l’arrivée des Nouvelles techniques de l’Information et de la Communication dans les années 1970-1980, l’économie dite « mondialisée » (échanges commerciaux à l’échelle de la planète) s’est transformée en économie « globalisée », caractérisée par une uniformisation des politiques économiques, une grande interdépendance des marchés, ainsi qu’une répartition internationale des processus de production, des mouvements financiers et monétaires.

L’économie : science humaine et/ou sociale ou science formelle et/ou exacte ?

La définition de l’économie de Wikipédia est la suivante :

« La science économique est une discipline des sciences humaines et sociales qui étudie de façon scientifique le fonctionnement de l’économie c’est-à-dire la description et l’analyse de la production, des échanges et de la consommation des biens et des services. »

Pour le dictionnaire Larousse : « Ensemble des activités d’une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses. »

On distingue la macroéconomie (étude des systèmes et des phénomènes économiques à un niveau global) de la microéconomie (étude de l’activité et des comportements économiques, au niveau des individus).

Plusieurs précisions s’imposent concernant :

– les différentes appellations : sciences économiques au pluriel ou au singulier, ou l’économie. A priori, il n’y a pas de différence de notion.

– la discipline des sciences humaines et sociales : ensemble de disciplines étudiant divers aspects de la réalité humaine.

– l’étude scientifique de l’économie (sens général : production, échanges, consommation des biens et services).

Les sciences humaines et sociales :

Nous disons généralement que les sciences humaines et sociales regroupent diverses disciplines cherchant à expliquer des phénomènes ne relevant pas de la biophysique, mais plutôt des influences des faits sociaux, prenant en compte les actions, les comportements et les attitudes humaines.

Le Larousse précise : « Sciences humaines ou science de l’homme : disciplines ayant pour objet l’homme et ses comportements individuels et collectifs, passés et présents. ». Ou encore pour ce qui est des Sciences sociales : « qui étudie les sociétés humaines, leur culture, leur évolution. »

On distingue généralement les sciences sociales (psychologie, sociologie, droit, etc.) des sciences humaines (histoire, philosophie, etc.) L’économie est actuellement considérée, de manière générale, comme une science sociale.

Les sciences humaines et sociales peuvent converger ponctuellement avec d’autres domaines des sciences comme la biologie, la physique ou la chimie (notamment dans le domaine de l’environnement). Des champs entiers des sciences sociales font usage des mathématiques, par exemple.

L’économie en tant que science sociale semble donc avoir une double influence : d’une part la volonté d’étudier de manière scientifique l’économie, et d’autre part la constatation que les phénomènes et faits sociaux ne relèvent pas de la biophysique.

Chaque discipline des sciences humaines et sociales, a ses propres écoles de pensée et de nombreuses approches méthodologiques et théoriques. Il n’y a pas de principe universel ou une seule dénomination ; chaque champ de recherche a ses particularités.

Les sciences formelles et/ou exactes :

La seule entrée de définition des sciences formelles est dans Wikipédia : « Les sciences formelles explorent déductivement, selon des règles de formation et de démonstration, des systèmes axiomatiques. Les sciences formelles regroupent les mathématiques, la logique et l’informatique théorique. »

On peut donc considérer les sciences formelles comme des sciences « dures », selon une nouvelle expression courante. Elle exclue toute incertitude et ambiguïté. Nous pouvons aussi mentionner l’expression « sciences exactes » comme la physique et là aussi les mathématiques. Citons cette expression d’Albert Jacquard, célèbre biologiste et généticien : « La démarche scientifique n’utilise pas le verbe croire ; la science se contente de proposer des modèles explicatifs provisoires de la réalité ; et elle est prête à les modifier dès qu’une information nouvelle apporte une contradiction. » Albert Jacquard – Petite philosophie à l’usage des non-philosophes, 1997

Alors, l’économie est-elle une science humaine et sociale ou une science exacte ?

L’économie : pour quoi faire ?

Les économistes orthodoxes des écoles contemporaines ont une lourde tendance à mathématiser les phénomènes économiques, en appliquant un certain nombre d’axiomes, de règles « indiscutables », de modélisations et de statistiques, qu’il serait trop long d’expliquer ici. Dans tous les cas, ces « règles théoriques » sont considérées comme intangibles et ne peuvent être discutées, critiquées, remises en cause. Elles sont devenues des « vérités ». L’économie, petit à petit, glisse d’une position de science sociale à celle de science formelle, en lui appliquant des principes mathématiques. Un exemple parlant est celui de Jean Tirole, qui a obtenu le prix Nobel d’économie en 2014. Jean Tirole est critiqué par les économistes dits « hétérodoxes », qui l’accusent d’avoir une vision libérale et de vouloir imposer une forme de « pensée unique » en économie. D’autres le voient comme un défenseur de la nécessité pour les pouvoirs publics de surveiller, contrôler et réglementer les marchés, donc d’un certain interventionnisme de l’État. En 2015, il s’oppose ouvertement à la création, au sein du Conseil National des Universités, d’une section « institutions, économie, territoire et sociétés », idée défendue notamment pas les « économistes atterrés » (ou autrement dits « hétérodoxes »), écrivant dans une lettre ouverte : « Il est indispensable que la qualité de la recherche soit évaluée sur la base de publications, forçant chaque chercheur à se confronter au jugement par les pairs. C’est le fondement même des progrès scientifiques dans toutes les disciplines. Chercher à se soustraire à ce jugement promeut le relativisme des connaissances, antichambre de l’obscurantisme. Les économistes autoproclamés « hétérodoxes » se doivent de respecter ce principe fondamental de la science. La création d’une nouvelle section du CNU vise à les soustraire à cette discipline »

La section en question ne verra pas le jour.

Certains termes employés par Jean Tirole mettent en exergue sa vision de l’économie. Dans son esprit, la science économique fonctionne comme les sciences formelles, dans lesquelles les recherches sont publiées dans des publications spécialisées et reconnues, et évaluées par l’ensemble de la communauté scientifique. L’économie comme les mathématiques, la médecine, la biologie, etc., même combat !

Donc, pas de place à la critique, à la contestation des règles et des « lois théoriques » établies, la moindre critique étant qualifiée de relativisme. Sans entrer dans les divers débats sur les différentes notions du ou des relativismes, on peut en conclure qu’il s’agit surtout de dire qu’il ne peut y avoir d’alternative à la vision et au développement actuels de l’économie.

Cessons donc de « croire » en l’économie comme en une nouvelle religion ou un nouveau Dieu, ne souffrant aucune remise en cause.

Discutons les « théorèmes » économiques, utilisons la dialectique, acceptons les argumentations raisonnées. Considérons-la comme une science « molle », à l’instar des montres de Salvador Dali !

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