Une prospective maçonnique

Les plus optimistes et volontaires des FF et SS, convaincus que notre institution « travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité », ont quelques raisons – en cette fin 2020 – de douter de l’efficacité réelles de la Franc-Maçonnerie. L’Utopie de la « Fraternité Universelle », pour laquelle notre Grand Maître nous exhorte « à redonner chair et substance » ne serait-elle qu’une magnifique mais irréaliste Utopie (pléonasme), une inaccessible Étoile ?

Postuler « Un nouvel horizon : une prospective maçonnique » est une perspective qui résonne naturellement dans le cœur de tout F.M. Cependant, ledit F.M ne peut qu’être dubitatif lorsque l’Horizon actuel, que nous contemplons en cette fin 2020, est obscurci par de sombres nuées, traversé de violents orages.

Alors, chercher un « Nouvel Horizon pour un Monde de l’Après dans une prospective maçonnique » peut paraître prématurée lorsque se déversent ou sévissent fanatisme religieux, intolérance culturelle, communautarismes et replis identitaires, inégalités sociales et pauvretés (pour ne pas dire misère), libéralisme économique sans cadre ni frein laissant sur le bas coté de la route les plus démunis ou les plus fragiles socialement , tous fléaux augmentés par la destruction lente mais certaine de notre environnement.

La Franc-Maçonnerie peut-elle relever, à elle seule, le défi de dégager l’Horizon actuel pour espérer un Avenir meilleur à l’Humanité, et idéalement construire un Monde de l’Après ? Par ailleurs, les Francs-Maçons, les citoyens, les peuples, le veulent-ils vraiment ou bien souhaitent-ils, tout simplement, revenir vers le Monde d’Avant ?

Pourtant, la Franc-maçonnerie est riche, à plusieurs titres

1°- Elle est sans doute, dans nos sociétés « occidentales », la seule institution initiatique qui soit adogmatique, dont l’objectif pour chacun des membres initiés est un travail spirituel et symbolique basé sur une réflexion introspective, dans un lieu rituélique : le Temple !

2°- La seconde richesse est constituées par la diversité de ses membres qui sont issus de classes sociales, de cultures, de niveaux d’études, de confessions religieuses ou philosophiques…. et de convictions politiques diverses et variées.

Sur ce point, l’on pourrait aisément se gausser de la propension des Obédiences à s’approprier un grand nombre de Maçons célèbres alors que ces « célébrité » l’étaient déjà, avant d’être habilement cooptées par les Ateliers.

3° – La troisième richesse est constituée de nos devises : « Liberté – Égalité – Fraternité » ; « Laïcité » auxquels l’on doit adjoindre « République » et « Solidarité ».

Forte de ces richesses, de la force collective et du potentiel intellectuels de ses membres, la Maçonnerie en général et le GODF en particulier peuvent-ils benoîtement, en toute conscience, affirmer – avec conviction– qu’ils peuvent à eux seuls « redonner chair et substance à l’utopie de la Fraternité Universelle, repenser la place de l’Homme dans une dynamique reliant AUTREMENT économie, économie, société et environnement, pour un monde plus juste, plus humaniste, plus vivable » (JP HUBSCH).

Poser la question, c’est y répondre : NON !

Sinon, le monde actuel serait sans doute déjà plus juste, plus humaniste, plus vivable ! Certes, une cohorte de FF et de SS ont œuvré dans ce sens, depuis 250 ans, mais souvent dans une recherche ou travaux (politique, sociale, scientifique) individuels rarement sous la bannière maçonnique !

Pour exemple, durant le premier confinement, la Solidarité s ‘est exercée grâce a de nombreux FF et SS dans le cadre de leurs professions dans le secteur social, leurs entreprises, au sein des associations caritatives.

Faut-il pour autant créer des structures et associations dans le secteur Social et de Solidarité spécifiquement maçonnique, sous la bannière de leur obédience ?

Cela a été proposé avec volontarisme par des FF du groupe « Horizon » mais supposerait (outre les compétences techniques requises) une extériorisation que ne souhaitent pas de nombreux Maçons non plus d’ailleurs que le GODF ! Et de se mettre en concurrence ou en situation de redondance avec les associations civiles et ONG existantes au savoir-faire reconnu. Le dossier restant ouvert… !

Afin de ne pas sombrer dans un pessimisme non constructif quant à l’avenir de l’Humanité, et peut-être pour participer à la pérennité de la Franc-maçonnerie au terme du XXIème siècle, le Groupe « Horizon » a souhaité faire sienne l’exhortation du Grand-Maître : « les Francs-Maçons du GODF doivent passer de la réflexion à l’action ».

Pour aller dans ce sens, osons formuler quelques propositions disruptives afin – peut-être – de palier, amender voire supprimer quelques principes obsolètes et archaïques dont pourrait souffrir au XXIème siècle nos instances maçonniques.

La maçonnerie de demain pour un monde de « l’Après ».

Le « Secret » maçonnique – Extériorisation sociétale – Recrutement :

Le secret maçonnique s’impose aux Ateliers par une interprétation rigide et extensive des articles II de la Constitution et de l’Art. 79 du R.Gal. Or sauf erreur, ce secret ne s’applique qu’aux seuls Travaux rituelliques vécus en Loge !

Il est donc regrettable que ce dogme du secret s’oppose voire interdit une saine et nécessaire extériorisation de nos initiatives réalisées dans le monde profane et la diffusion par tous media modernes des actions effectuées par applications de nos valeurs humanistes.

Le refuge systématique derrière le « secret », individuel ou collectif, ne fait qu’accroître ce halo de mystère qui entoure plus que jamais l’institution maçonniques et ses membres, produisant phantasmes, peurs (cf. destruction de Temples) et nourrissant la théorie d’un pseudo complot sectariste par les élites.

Afin de pouvoir lutter contre la méconnaissance de la Maçonnerie dans le monde profane, les Vénérables Maîtres ne devrait pas avoir l’obligation de solliciter systématiquement l’autorisation auprès du Conseil de l’Ordre pour s’ouvrir au monde profane au niveau d’un Orient.

Par ailleurs, cette extériorisation inciterait de nombreux profanes à frapper spontanément à la porte du Temple, en cela propice à la diversité des nouveaux maillons et compensant le risque de « consanguinité » intellectuelle, professionnelle ou de classe induite par l’unique recrutement par cooptation.

La politique : dans un certain nombre d’Ateliers du GO et de quelques Obédiences « amies », le mot « politique » est un gros mot, banni de toutes discussions en Loge voire en QAEL.

Or, il ne s’agit pas de créer un parti politique maçonnique ou de « faire » de la politique mais simplement de travailler et réfléchir, au sens étymologique du terme, à la Vie dans la Cité !

L’Ordre maçonnique pourrait ainsi – et enfin – redevenir un Laboratoire expérimental d’idées, une Force de proposition démocratique, Et ce, bien évidemment, exclusivement dans le domaine de compétence de la Maçonnerie, de son cœur de métier : réfléchir et travailler pour la Solidarité, l’Égalité sociale, la Libre circulation des idées, des pensées et des mœurs et tout ce qui peut faire obstacle à la Laïcité et à la Fraternité entre les peuples et nations.

Serait-il utopique de revivifier le GODF pour en faire le creuset où s’élaboreraient des pré-projets de Loi enrichissant ou consolidant nos valeurs humanistes ?

Un référendum d’initiative maçonnique (RIM) :

Afin de positiver, penser dans le long terme, œuvrer pour proposer une politique progressive, traduisant nos valeurs maçonniques, le groupe « Horizon » des « 3H » a dégagé l’idée d’un outil permettant l’expression des Ateliers et des FF et SS à destination de notre exécutif, le Conseil de l’Ordre : le R.I.M.

Un grand nombre de FF et SS (jauge à déterminer), d’Ateliers, voire d’Obédiences diverses pourraient se rejoindre sur un projet ou des propositions progressives, humanistes et sociales.

Ces projets seraient portés au(x) Conseil(s) de l’Ordre, notre Exécutif, pour qu’ils y mettent de la chair et une ossature juridique aux fins d’être soumis aux représentants du Peuple, le Parlement.

Sans nous inscrire aucunement dans une démarche populiste maçonnique, la force collective des FF et SS via ce RIM participerait à la réalisation d’une vraie démocratie au sein de l’Institution maçonnique.

L’objectif étant de donner vie à nos belles valeurs humanistes et maçonniques.

La véritable concrétisation de l’Article 1^er de notre constitution, en somme !