Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’Ouverture aux autres, une nécessité absolue pour le « monde d’après »

Respectable Loge, Univers, Orient de Paris, Région 14 Paris 4 et Loges d'Europe de l'Est

Mots Clefs : InternationalOuverturePartageRepli sur soiRépublique-Monde

Le mot frontière est un mot borgne. L’homme a deux yeux pour voir le monde (Paul Éluard)

Constat

La crise a fourni une nouvelle occasion d’appeler à la fermeture des frontières et au repli nationaliste. Cette tentation n’est pas une nouveauté. Les thuriféraires du retour aux frontières nationales savent flatter l’égoïsme de certains et surfer sur l’inquiétude de tous. Et, incontestablement, cette inquiétude s’accroît, notamment dans les pays développés où les crises vécues et redoutées accroissent la demande de politiques plus locales et moins mondiales, comme la méfiance vis-à-vis des élites « globalisées ». Ce contexte facilite les discours démagogiques où le confinement sanitaire se mêle à la protection de l’environnement, aux effets sur l’emploi de la délocalisation industrielle, aux menaces sur notre identité culturelle et à la lutte contre la concurrence déloyale de pays à bas coûts de production.

Francs-Maçons attachés à l’universalité de notre mission au service de l’Humanité, nous devons défendre une approche plus équilibrée et la recherche de solutions moins manichéennes.

Incontestablement, la mondialisation ne correspond pas à un élan spontané de philanthropie de la part des entreprises qui se délocalisent, principalement pour bénéficier de salaires moins élevés et de contraintes réglementaires plus faibles, accessoirement pour s’ouvrir de nouveaux marchés. Incontestablement, elle a produit des excès : exploitation des travailleurs, y compris des enfants, pollutions multiples, inégalités de répartition des richesses, etc.

Mais elle a aussi augmenté le revenu disponible dans les pays en retard de développement. La Banque Mondiale a évalué à un milliard le nombre d’êtres humains sortis de la situation de « pauvreté absolue ». Un retour vers le protectionnisme et la relocalisation des chaînes de production aurait pour premier impact de réduire les revenus dans les pays les moins favorisés, accroissant d’autant la pression migratoire aux portes de nos pays, avec des humains qui nous demanderont au nom de quoi le droit de vivre ou de mourir dépend du lieu où l’on est né !

Tel est l’enseignement de notre Pavé Mosaïque : d’un mal (la perte d’emplois dans un pays développé) peut sortir un bien (la survie de familles à l’autre bout du monde). D’un bien (l’emploi chez Moulinex) peut sortir un mal (Slumdog qui retourne vers son tas d’ordures).

En France même, la libéralisation des échanges a permis d’accroître le pouvoir d’achat des ménages, par la baisse des prix de nos téléviseurs, ordinateurs et autres T-Shirts, de développer une économie de services et d’accroître nos exportations, dans l’agro-alimentaire et les produits de luxe, mais aussi dans des industries de pointe comme l’aéronautique. Il sera très difficile de faire admettre par nos populations que cette situation va prendre fin et que leur consommation va devoir significativement baisser.

Enfin et surtout, un repli sur soi économique aurait indirectement un impact sur nos échanges intellectuels et culturels. Bien avant les « Routes de la Soie », les échanges commerciaux ont permis la multiplication des rencontres, avec leurs lots d’affrontements, mais aussi d’enrichissements scientifiques, artistiques et philosophiques.

Le « Monde d’après » ne peut donc se résumer au retour vers le « Monde d’avant »

Analyse

Pour autant, le monde de demain doit savoir corriger les erreurs du passé.

* Il doit s’accompagner de plus d’ÉQUITÉ

Lutter contre l’exploitation des enfants, rendre les accords commerciaux plus soucieux de progrès social et d’une plus juste répartition des richesses sont des objectifs qui doivent être mis au cœur d’un projet de mondialisation équilibrée. Il y a près de quarante ans, dans un discours prononcé à Cancun, le Président de la République française appelait déjà à « redéfinir les termes de l’échange », c’est-à-dire les rendre plus équitables. Cela impose de ne pas rechercher seulement l’accroissement quantitatif, sans prise en compte de l’impact social et économique dans les autres régions du monde. Cela suppose un accroissement de l’aide au développement. Cela nous oblige aussi à exiger des contreparties, par exemple en matière d’éducation, d’élévation du niveau de protection sanitaire et d’amélioration de la démocratie. Le Bureau International du Travail pourrait être consulté avant la conclusion d’accords commerciaux. Cela devrait aussi se traduire par un renforcement des échanges culturels et professionnels, via une sorte d’« Erasmus », ouvert à tous les jeunes de la planète.

* Il doit préserver le DÉVELOPPEMENT DURABLE

La biodiversité et la lutte contre le changement climatique doivent devenir des contreparties imposées aux échanges. Il faut, pour cela, inclure dans nos accords l’arrêt de la déforestation, la réduction de la pollution, notamment dans les transports (porte-conteneurs ou aéronefs). Ces obligations doivent conduire à renégocier tous les accords de libre-échange.

* Le monde d’après doit également mieux protéger notre SÉCURITÉ

La fragilité de nos sociétés a été mise en évidence par la crise sanitaire : pénurie d’équipements et de produits nécessaires à la santé des populations ; perte de compétences technologiques dans des secteurs-clés tels que l’énergie, la production de médicaments ou les télécommunications ; défaillances dans la chaîne d’approvisionnement de certaines usines et de filières alimentaires.

Atteindre ces objectifs d’équité, de développement durable et de sécurité impose de :

Renégocier nos accords commerciaux,

Maintenir sur nos territoires les technologies nécessaires à notre autonomie, notamment dans les secteurs critiques (énergie, technologies de l’information, médicaments)

Assurer notre sécurité d’approvisionnement en produits industriels (matières premières et pièces détachées) ou alimentaires, pour affronter les prochaines crises sanitaires, environnementales ou sécuritaires.

Ces priorités supposent des actions qui dépassent l’échelon strictement national. La crise épidémique a vu tous les pays subir des pénuries et lutter individuellement, de façon égoïste, pour tenter de les surmonter. Nous devons mieux miser sur l’Europe, pour prévenir les égoïsmes et renforcer l’efficacité de notre protection. Seule une Europe puissante, économiquement, culturellement et militairement sera capable, face aux autres puissances, de promouvoir nos valeurs de solidarité, d’égalité des chances et de séparation du temporel et du spirituel. Seule elle permettra d’ouvrir la perspective d’une mondialisation harmonieuse à nos yeux.

Au repli sur les frontières nationales, nous opposons l’idéal d’une « République Monde », respectueuse des identités culturelles et des modes de vie, soucieuse de préserver la biodiversité et de lutter contre le changement climatique, attachée à plus de justice sociale.

Dans ce combat, le GODF doit être plus actif et s’ouvrir plus largement à l’international. La Franc-Maçonnerie n’a pas tenu la promesse d’universalité de ses textes fondateurs et que nous évoquons lors de nos tenues. Une première mesure consisterait à encourager les rencontres entre Sœurs et Frères dans le monde, y compris appartenant à des obédiences différentes et à les faciliter via un annuaire régulièrement tenu à jour.

Mondialisation et solidarité seront complémentaires si les dimensions éthiques et spirituelles de la Franc-Maçonnerie, dont l’universalité est un maître-mot, sont introduites au cœur d’un projet dédié au progrès social de l’Humanité.

Propositions

Subordonner les échanges commerciaux à des conditions d’équité, de développement durable et de sécurité :

  -a- Renégocier les accords existants de libre-échange et n’en signer aucun autre qui ne comporteraient pas de clauses concrétisant ces impératifs.

  -b- Réduire les dommages environnementaux qui découlent directement des échanges de biens, de services et de personnes, y compris en pénalisant les transports les plus polluants.

  -c- Assurer une sécurité minimale de nos approvisionnements critiques, notamment en nous réappropriant les savoir-faire technologiques nécessaires à notre indépendance

Travailler à l’avènement d’une « République Monde », respectueuse des identités culturelles et des modes de vie, et attachée à plus de justice sociale

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