Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Qu’avons-nous appris de cette crise ?

Respectable Loge, Les Vrais Zélés, Orient de Chalons sur Saône, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : Repenser notre fonctionnement

Une mise en sommeil forcée

Le mercredi 4 mars 2020, les Frères présents en Loge se quittaient après les agapes, non sans avoir parlé du virus, mais en se promettant de se revoir très vite malgré les rumeurs déjà bien présentes d’un confinement. Nul ne soupçonnait que l’activité maçonnique allait être gelée si longtemps.

Très vite, cette frustration annoncée s’est transformée en une volonté de ne pas se résigner et de resserrer les liens qui nous unissent. A l’initiative d’un frère, une réunion virtuelle des frères s’est mise en place en utilisant les moyens de communication que nous a offert l’Internet. La première conférence eut lieu le 26 mars à titre d’essai et à partir du 2 avril une conférence hebdomadaire était programmée tous les jeudis. Que ce frère soit remercié pour son initiative et sa constance.

Quelle joie dès la première visio-conférence de retrouver les frères et de pouvoir échanger sur des sujets très variés. Sans avoir la consistance d’une tenue, loin s’en faut, ces rendez-vous hebdomadaires étaient empreints d’une grande fraternité et laissaient espérer une audience à chaque fois plus importante. Néanmoins, les frères   présents, et particulièrement le Vénérable Maitre ont très vite noté que l’audience s’est limitée à une dizaine de frères   et que certains frères étaient de fait laissés au bord de la route numérique par manque de moyens informationnels ou de pratique. Une fracture informationnelle s’est créée de facto et nous avons pu constater que la relation fraternelle qui est sensée nous unir pouvait se révéler fragile par manque de prises de contact d’une part, par absence de réponses d’autre part. 

L’initiative du Livre Blanc intitulé « Après » a mobilisé 21 frères soit exactement 50% de notre effectif. Cela a permis d’entretenir la dynamique de travail qui est un des piliers de notre engagement. Faut-il se féliciter de ce taux de participation alors même que le travail en Loge nous manquait ? Je laisse à chacun le soin d’apprécier…

Faut-il tirer des enseignements de cette crise à notre niveau ?

Si un tel bouleversement de nos habitudes ne débouchait pas sur quelques réflexions, il faudrait s’interroger sur notre conception de la Franc-Maçonnerie. Notre sagesse maçonnique réside dans notre capacité de réflexion, de dialogue et par le cadre que nous donnent notre rituel et l’agencement des tenues. Le rituel nous permet d’abandonner les métaux à la porte du Temple et de nous ouvrir à la réflexion collective ; c’est la nôtre force. Pour autant, sommes-nous encore en phase avec le rythme du monde profane et la profusion des informations qui rendent plus immédiates les analyses que nous devons avoir ?

Malgré la facilité d’échanges que nous donnent les moyens modernes de communication, sommes-nous aussi fraternels ? Avons-nous, durant ce confinement et l’absence de Tenues, maintenu les liens qui doivent nous unir ? N’avons-nous dpas laissé les « info-pauvres » sur le bord du chemin ? Peut-on parler de fracture informationnelle ? Serions-nous plus individualistes aujourd’hui ?

Repenser notre fonctionnement

J’ai le sentiment que nous devons nous remettre en question, non sur le fond mais sur la forme de nos travaux et de notre engagement individuel, soit en qualité d’officier de la Loge assurant une charge, soit en qualité de simple Frère présent sur les colonnes. La crise nous a révélé que nous entrons dans une ère nouvelle où le « faire ensemble » est plus que jamais d’actualité. Si nous ne savons pas mettre davantage de fraternité dans nos relations alors nous nous exposons à une désaffection de la part des frères les plus demandeurs.

Une partition à jouer de concert 

Un seul homme ne fait pas la Loge : trois la dirigent, cinq l’éclairent et sept la rendent juste et parfaite. Mais il me semble que nous ne sommes parfaits que lorsque chaque frère joue sa partition quelle que soit sa position dans la Loge. Il ne s’agit plus de remplir une fonction, mais bien de jouer un rôle au sein de la Loge. L’aspiration des frères est à la mesure de la frustration éprouvée ces derniers mois.

Ils attendent du Vénérable Maitre qu’il soit l’animateur des travaux, celui qui imprime le rythme tant par ses interventions que par la parole laissée avec pertinence sur les colonnes. Il ne peut être un maître à penser monopolisant la parole, mais bien un maître « à faire penser » ! Il doit, lors de son installation, définir et faire accepter la ligne de nos travaux majeurs à moyen et long terme. Il est souhaitable aussi qu’il donne de la réactivité à nos réflexions et que les sujets d’actualité majeurs puissent faire l’objet de débats très rapides afin de ne pas subir l’inertie que nous imposent les questions à l’étude des Loges.

Il est également capital que les deux surveillants remplissent avec méthode leur rôle d’initiateurs auprès des frères apprentis et compagnons. Il s’agit bien là de suivre une méthode mise à disposition par l’Obédience pour les aider dans l’accomplissement de leur devoir de formation. En marge de cette démarche quelque peu formelle, il y a lieu aussi de débattre avec les jeunes frères   sur leur ressenti durant leur temps sur les deux colonnes car ils ont besoin d’être soutenue. La démarche maçonnique est initiatique mais elle ne se conçoit qu’en combinant démarche personnelle et approche collective, c’est-à-dire fraternelle. 

Le rôle de l’Orateur me semble aussi déterminant dans la qualité des travaux. Il ne peut être qu’une chambre d’approbation et de confirmation de la constitutionnalité de nos travaux. Il doit être celui qui par ses synthèses formulées après chaque planche ou à la fin des travaux donne un peu plus d’intelligence à nos tenues. Nous avons connu dans le passé des orateurs qui par leurs interventions apportaient une réelle valeur ajoutée, et en quelque sorte imprimaient une ligne directrice dans nos travaux.

Le Frère Hospitalier doit également rester le lien entre tous les frères   Son rôle est capital pour maintenir le lien fraternel notamment avec ceux de nos frères   qui ne peuvent assister assidûment à nos réunions pour des raisons diverses. Mais il ne peut pas maintenir à lui seul le lien, il doit se faire assister par d’autres frères  

Enfin, il nous fait décider si l’on veut faire rayonner la Franc-Maçonnerie dans la cité : pour se faire connaître d’une part, pour partager nos valeurs d’autre part. Nous sommes inaudibles et nous pouvons décider de le rester mais nous aurions beaucoup à gagner en nous faisant connaître du public, en organisant des conférences.

Nous sortons de cette crise sanitaire avec des enseignements sur notre société, mais aussi sur nos rapports fraternels. De nouvelles perspectives s’ouvrent pour nous, il faudra savoir les définir et les saisir. Nous en sommes tous les acteurs. La candidature à une charge au sein de la Loge est un engagement sérieux qui honore celui qui le prend, mais qui l’oblige aussi.

Notre Monde a bien évolué depuis le siècle des Lumières et l’avènement de le Franc-Maçonnerie moderne.

Nos frères aspirent à davantage de réactivité tout en conservant les valeurs de notre Ordre.

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