Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment repenser ces notions en continuité ou en rupture ?

Respectable Loge, Lumière – Tolérance – Fraternité, Orient de Lyon, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : La maladiela mort

La valeur de la vie qui recoupe une multitude de notions a été bousculée.

Le Constat

L’épidémie de Covid 19 nous a immergé dans la réalité omniprésente palpable et quotidienne de la maladie et de la mort. Le décompte quotidien des victimes a largement entretenu le sentiment d’injustice, de colère face à ces pertes de proches et chers.

Maladie, Mort et Deuil ont fait l’objet d’innombrables études philosophiques de penseurs, philosophes, scientifiques depuis des temps immémoriaux il n’y a pas lieu d’y revenir. Pour beaucoup, notamment les plus âgés au-delà de 65 ans et les plus vulnérables car en mauvaise santé, la peur est là. L’autre devient un agent mortifère dont il faut pour survivre se protéger. Cette pandémie ou une autre demain vont nous frapper comme d’autres et encore pires l’ont fait dans des temps historiquement récents Aujourd’hui, les témoignages des malades guéris mettent en exergue la valeur incommensurable de la vie et du temps qui redevient promesse de futur. Les drames plus anciens n’ont laissé que peu de traces dans nos mémoires (ce n’est pas la question du moment mais elle est fondamentale à savoir la capacité d’oublier et le déni face à une réalité qui nous gêne). Le malaise d’aujourd’hui a notamment pris la tonne de mesures de confinement presque maladives, quoique nécessaires dans la perspective individualiste et à court terme qui est la nôtre. Nous vivons dans des sociétés privées de leur vitalité. Nous vivons dans des sociétés rongées par l’anxiété et la dépression, où des millions de gens se droguent quotidiennement et légalement pour survivre.

Santé

Notre société a généré une sorte de croyance populaire : l’illusion d’une vie sans mort. Une société qui garantirait des conditions de sécurité suffisantes à ses représentants pour vivre au moins jusqu’à l’âge moyen d’espérance de vie. Dans notre espace de confort habituel, on remplit nos vies avec des biens matériels et des objectifs, souvent avec une vision à court-terme. Nous avons oublié que vivre c’est donner du sens à nos actes et de laisser à nos successeurs une trace plus ou moins grande de notre passage, à la mesure de chacun. La crise sanitaire montre avec force que la mort n’est qu’un examen de passage. Mais qu’est-ce qu’une vie sans la santé. Si la santé n’a pas de prix, elle a un coût ! Ce qui a conduit en occident, notamment en France, à la compression drastique des budgets hospitaliers et à une montée de la hiérarchie administrative face au « pouvoir » médical. L’économie de la santé rejoint la réflexion éthique la plus fondamentale lorsqu’elle s’attaque à la question de savoir jusqu’à quel point il faut donner la priorité aux sujets °médicalement les plus défavorisés°, si cette priorité revient à obtenir un moindre bénéfice sanitaire global pour les ressources dépensées. On touche là parfois au tragique en matière de politique de santé, mais aussi en termes d’égalité des citoyens.

De la mort : En effet, si toute l’actualité tourne autour des morts de la Covid-19, « on ne connaît ni leur visage ni leur parcours. Ils sont comptés pour mieux disparaître dans l’anonymat des statistiques », explique un philosophe. Or, « ce paradoxe est extrêmement anxiogène ». Pour lui, « nous assistons au retour d’une mort arbitraire qui peut frapper à tout moment, plus proche de la grande faucheuse d’autrefois que de cette mort douce, maîtrisée par la médecine et aseptisée par la sédation à laquelle nous étions habitués. Mais si la mort est revenue dans l’actualité, les morts ont disparu ». Il ajoute : « Nous sommes donc passés d’une mort individuelle, circonscrite au cercle familial, à une mort collective mais sans discours ou cérémonie permettant aux Français d’entrer en deuil ». Néanmoins, nous savons bien, que si contaminés par la Covid 19 et affectés d’une forme grave de Comorbidité, le « tri » des urgences nous orientera vers la fin programmée de notre vie. Nous savons bien que les médecins spécialistes nous indiquent que dans ces conditions la réanimation par coma artificiel et intubation est une redoutable épreuve, non dénuée de souffrance. Ce que l’on peut comprendre pour des tas de raisons. Mais c’est assez insupportable.

Pistes de propositions

Que pouvons-nous proposer pour nous y préparer et si possible °vivre avec » ? Des économistes anglo-saxons de la santé en ont déduit qu’une organisation efficiente et équitable des systèmes de santé ne pouvait majoritairement reposer sur le recours aux marchés privés, et qu’une intervention régulatrice forte de l’État s’avérait indispensable. Dans notre pays, on devrait en tirer des leçons en matière d’équipement de lits hospitaliers, comme de la rémunération à l’acte médical en milieu hospitalier, se référant à une éthique utilitariste.

Plus largement, la mort et le processus du deuil sonnent comme des rappels à tordre de notre condition. Il est aussi une invitation à faire de notre vie ou plutôt du souffle de vie que nous portons un objet/moment utile pour nos condisciples (contemporains et successeurs).

Être conscient de sa mortalité, sans pathos, est un exercice puissant d’humilité, mais aussi de prise de conscience d’une responsabilité envers soi et les autres.

Nous référant à la sagesse d’Épicure dans la « Lettre à Ménécée », il serait souhaitable à partir d’un âge avancé (65ans)

– « se tenir à retrait pour préserver notre paix intérieure,

– penser que le plaisir épicurien est une fin en soi de la vie, pour le corps de ne pas souffrir, pour l’esprit de ne pas être troublé.

– un évènement physique comme les autres

Voilà pourquoi, il peut paraître indispensable de lutter contre l’acharnement thérapeutique et promouvoir de manière active le « Draft de Mourir Dans la Dignité, préconisant l’euthanasie et aide au suicide assisté.

Notre pays, en retard, en matière d’euthanasie passive, ne sait pas tirer les leçons de ce qui se passe depuis longtemps chez ses voisins immédiats de Belgique, du Luxembourg, des Pays Bas et de Suisse, qui accueillent des nationaux français dans de bonnes conditions éthiques.

Quelles autres actions concrètes peut-on développer afin que les citoyens français puissent appréhender et se ré approprier la mort ?

Sensibiliser et former les êtres humains au risque biologique (virus et autres) à [‘image des japonais qui sont formés au risque sismique, avec l’apprentissage des gestes barrières et port du masque. Les êtres vivants vivent et côtoient les virus et bactéries : c’est notre biosphère commune il faut en être toujours conscient

Une pandémie et/ou épidémie est par nature imprévisible il faut s’y préparer à froid.

Cet apprentissage réduira le phénomène de peur, en rappelant que l’ignorance est le meilleur vecteur de peur. Cette convocation de la mort dans notre quotidien et celui de nos proches est inédite pour nous hommes de 2020. D’ailleurs, la mort brutal et soudaine d’un proche ou d’un ami, est toujours un arrêt donné au fil délicat et inconscient de la vie.

La mort d’autrui nous donne la sensation qu’un morceau de nous, est arraché. Notre propre mort est-elle, à bas bruit, toujours présente. La FM se caractérise surtout par ses rituels hérités et transmis, rituels où chacun peut puiser de quoi donner un sens à sa propre mort.

De ce seras intimement émotionnel, rassurant peut-être, il ne viendrait à quiconque l’idée ou l’ambition d’en concevoir l’existence plutôt que de le vivre. Nous sommes là dans le secret indicible de l’initiation.

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