Les Francs-Maçons travaillent symboliquement de midi à minuit à la construction d’un monde meilleur et plus éclairé ! Si ce principe symbolique est immuable et constitue une des clés de voute de l’édifice maçonnique est-il pour autant indéracinable dans sa forme ? Les Francs-Maçons sont, de par nature des humanistes nés, et, c’est dans les loges bleues, la raison d’être essentielle des Frères. La Franc-Maçonnerie n’est pas dogmatique mais ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité sont inamovibles et l’apparence de ses travaux et leur adaptabilité à notre époque moderne ne sont pas forcément figés. Cependant, même si des modifications sur la forme sont possibles, l’homme et l’humain doivent et restent toujours au cœur des débats des Francs-Maçons.

L’humanisme et l’écologie

L’écologie est d’un point de vue scientifique l’étude des biotopes où vivent les êtres vivants, et les rapports de ces êtres avec le milieu mais c’est aussi et surtout, d’un point de vue plus philosophique un précepte visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel qui doit conduire à la protection de ce dernier. L’humanisme place l’homme au centre du système et du dispositif et en fait le pivot primordial dans l’approche de la société. Humanisme et écologie sont deux valeurs complémentaires qui peuvent sans aucun problème être intégrés ensemble dans de nouvelles réflexions qui entreront parfaitement dans le travail de nos loges.

Dans le « monde d’avant », la notion d’environnement, même si elle a été mise parfois en avant, a souvent été détournée. Elle a été ignorée et bafouée au profit de l’argent et de la construction d’une société où le respect de l’autre et de la vie en général n’a pas été toujours la première des préoccupations. L’humain a, dans de très nombreux cas, été relégué en arrière-plan. Les Francs-Maçons, dans leurs activités ont eux-mêmes parfois eu tendance à oublier certains principes pour aller plus vite dans la construction de cette société qu’ils croyaient à tort, plus juste et plus éclairée. Dans cette dernière, les valeurs fondamentales avaient déjà évolué et n’étaient dès lors plus en adéquation avec certains principes fondamentaux de la Franc-Maçonnerie, … L’axe, « humanisme, environnement » a été bouleversé et le monde s’en est ainsi trouvé changé. Les fondements de base de la société ont été ainsi transformés au détriment de l’homme et de son environnement. La crise sanitaire du COVID 19 a été un énorme accélérateur qui a véhiculé une forte remise en question. Si, fort heureusement, le confinement obligatoire et les changements d’habitudes ont permis un début de prise de conscience, ils ont aussi fait ressortir les individualités et les individualismes. Pour l’avenir de la Franc-Maçonnerie, une prise en compte de ces changements est impérative 

Une nouvelle aire de réflexion pour les Francs-Maçons

La conjugaison des trois idées de fondement qui définissent l’environnement comme une nécessité, l’économie comme un moyen et l’humain comme un objectif peut être la base d’une nouvelle aire de travail pour les loges bleues. Leurs nouvelles études conduiront inévitablement à une vision inédite de la société. Elles devront prendre en compte les notions perdues de vue, de mode de vie et d’équité qui sont les assises du développement durable, passage obligatoire si l’on souhaite construire demain une humanité plus juste, effectivement plus éclairée et surtout viable qui n’entame pas les ressources des générations futures.

Une question de méthode….

            Les Francs-Maçons devront concrètement et réellement penser globalement et agir localement… Leurs méthodes de réflexions et de travail s’en trouveront ainsi obligatoirement bouleversées. Dans un monde où les nouvelles technologies ont bousculé les notions de temps et de territorialité, les F∴ devront s’adapter et ajuster leurs rituels tout en sachant garder la sacralisation du temps des lieux et de l’espace. La modification de la méthode de travail doit cependant impérativement conserver le fond humaniste de notre raison d’être et la symbolique des rituels.

La symbolique et les symboles

C’est l’âme et la clé de lecture des travaux de la loge, les F∴ y sont particulièrement attachés et il ne saurait être question, au risque de détruire l’édifice en construction, de prendre le risque de voir disparaitre ces éléments forts de notre vie de F∴M. L’écologie et l’humanisme ne sont pas directement tributaires de la lecture symbolique mais il me semble possible de travailler à une intégration de ces données dans nos clés de lecture symboliques.

Les Rituels

 Les rituels nous viennent de la tradition et de l’histoire de la F∴M∴. Ils sont le produit du mythe, revus et adaptés en permanence, il est possible de les intégrer et dans une nouvelle approche qui prendrait en compte les données d’un humanisme écologique nouveau qui s’intégrerait dans les pratiques de la loge bleue.

La loge et les pratiques matérielles

 Les données symboliques de la loge bleue, ne devront pas être modifiées mais les fonctionnements et les usages à mettre en œuvre dans les conduites des tenues devront impérativement tenir compte à la fois des mesures de protection nécessaires à la protection des F∴ mais aussi intégrer les notions de respect de l’environnement, de l’humain et de la société.

Des évolutions possibles 

Ce livre blanc, engagé au bon moment de nos évolutions nous donne la chance et le bonheur de pouvoir continuer ensemble la construction du temple. Ces quelques propositions relatives à l’humanisme écologique, sont très loin de couvrir la totalité de l’analyse de nos pratiques actuelles et à venir mais doivent modestement contribuer à guider les travaux des F∴ de la loge et de l’Obédience au-delà des divergences de vue, de rites et de rituels.

L’impérieuse prise en compte des notions de développement durable qui intègrent l’humain et son environnement apporteront dans la F∴M∴ de demain la base de la modernité et les objectifs de revitalisation nécessaires à la Franc-Maçonnerie bleue de l’après crise.