Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Quelle société pour demain ?

Respectable Loge, Lumières et Laïcité, Orient de Grenoble, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : Nouvel horizon

Propos liminaires

Hippocrate dans son « traité sur les épidémies » disait déjà au 4eme s av JC « faire le bien et, si possible, ne pas faire de mal » que l’on reprend souvent par « primum non nocere » 

Gageons que ce conseil avisé soit notre fil rouge pour nous accompagner sur le chemin sinueux du « souci de l’Autre » et dessiner avec justesse ce fameux « monde d’après »

Problématique

Nous étions depuis plusieurs dizaines d’années sur des logiciels très individuels, dans un monde relativement confortable, largement sécure et brutalement, tout s’est arrêté. Nous avons alors fait face, à la fois, à un virus agressif sans frontières et à la limitation extraordinaire de nos libertés par l’État. Ce moment si particulier, cette épidémie, ce confinement et cette crise sanitaire, ce fut d’abord l’occasion d’éprouver tous ensemble la peur, l’angoisse, l’isolement social et affectif. Puis ce fut le moment d’un foisonnement de réflexions tous azimuts : la pensée était à nouveau libérée et il était autorisé de remettre en question les habitudes, voire les mauvaises habitudes. La solidarité revenait au premier plan, notamment en soulignant le rôle fondamental du socle social, de ce monde souvent invisible et discret : police, gendarmes, pompiers, personnel soignant, techniciens de l’eau, de l’assainissement, des réseaux informatiques, les commerçants de denrées de première nécessité, …

 La portée mondiale de cette pandémie, avec surtout l’arrêt complet des économies des pays plus ou moins progressistes, nous a même autorisés à bousculer toutes nos pensées premières et à imaginer ce fameux « monde d’après ».

Analyse

Ce qui apparaît en premier lieu, c’est la prise de conscience :

  • que notre monde est UN, indivisible
  • que les éléments de la nature n’ont que faire des divisions et des frontières. Dès que l’activité humaine ralentit ou s’arrête, l’activité naturelle émerge rapidement, les éléments fondamentaux, air, eau, vie animale et végétale, résilients, reprennent vigueur.

Cela ressort de la pandémie et des réponses apportées, quasi toutes universelles (3.5 Milliards d’hommes confinés).

D’où la mise en lumière que le repli sur soi est une solution illusoire

  • Mise en lumière également de la fragilité des sociétés et de la croyance que l’activité économique, mondialisé et fondamental est le socle unique de leur survie.
  • Mise en lumière de la nécessité d’une gouvernance de qualité, pertinente dans les anticipations, fiable dans ses engagements et dans sa parole.

Les manquements de notre gouvernement en la matière, malgré des données objectives connues depuis des années, ont eu des conséquences lourdes sur le plan sanitaire ainsi qu’en termes de confiance.

A contrario, la mise en place par l’Etat français (au contraire d’autres états) de certains amortisseurs économiques et sociaux a permis d’éviter à court terme d’ajouter la misère à la précarité sanitaire.

Il s’agit là de fonctions régaliennes, à la fois de protection et d’organisation, qui, si elles sont bien posées, permettent au niveau plus local l’émergence et l’organisation de formes nouvelles de solidarité, notamment de l’implication d’une jeunesse et dans des territoires que l’on considère souvent comme « perdus pour la République ». A cet échelon local on retrouve également le lien direct d’une réponse rapide et adaptée à des besoins de base : alimentaires, solidarités de voisinage, intergénérationnelles. Une impréparation aux crises ainsi qu’une parole d’état non fiable ouvrent la porte aux idées saugrenues et aux théories complotistes les plus échevelées. C’est aussi la porte ouverte à un cynisme et une inhumanité qui se réclament du réalisme.

  • Mise en lumière des conséquences de mesures sanitaires vécues comme inhumaines :

La violence affective et symbolique des normes de distanciation ou de confinement des populations en Epadh ou à l’hôpital, vécues comme une incarcération et une solitude insupportable.

Une solitude et un impossible deuils insupportables pour nos proches que l’on n’a pas pu assister dans leurs derniers moments ni pouvoir les inhumer. Or, les rites funéraires sont ce qui fait civilisation.

  • Mise en lumière sous tous ses aspects de la nécessité d’une société du « care ».

Prendre soin de l’environnement, des rapports entre les différentes manifestations du vivant, partout et tout temps.

Sans ce souci, les déséquilibres, les dysfonctionnements, les blessures et les dégâts peuvent avoir des conséquences imprévisibles.

Propositions : aller plus loin que le covid

Préparer une société davantage résiliente et plus juste.

L’homme et son environnement :

Ne pas nuire, ni à son prochain ni à la planète. Donner une personnalité juridique à la nature afin de pouvoir la défendre. Garantir un équilibre durable et respectueux entre l’Homme et son environnement (fin de l’anthropocène).

S’écarter un peu de son logiciel de confort « anthopocentré » : faire un pas de côté pour repenser le temple intérieur.

Réorganiser notre société, Repenser le temple extérieur :

Passer de la gestion à la politique et donner davantage de crédit à la parole politique, notamment en contrôlant et évaluant les élus et les programmes :

Par exemple : référendums d’initiative populaire, République de comités (Hannah Arendt), élus obligés de se tenir à ce pourquoi ils ont été élus, fin du lobbying systémique, remplacé par les dossiers pertinents de comités scientifiques indépendants. Renforcer les initiatives locales avec l’idée que toutes ces actions diffuses finissent par converger et influencer les politiques nationales (idée de pointillisme, de maillage local via les associations, les communes…)

Penser les pertinences des échelles de territoires. Se rapprocher de l’échelon qui est le plus à même d’agir : chacun ses compétences en autonomie.

Modifier le rôle des médias : l’information n’est pas du sensationnalisme.  Fin de la dictature de l’audimat basé sur la flatterie. Aller vers le chapitre 2 des réseaux sociaux plus respectueux des personnes…

 Rationaliser la chaine de production industrielle, sanitaire et agricole. : « Le Travail : démocratiser, démarchandiser, dépolluer ». Les soins de santé, la prise en charge et l’accompagnement des plus vulnérables sont autant d’activités qui doivent être protégées des seules lois du marché, Recapitaliser les entreprises avec des financements sains, sereins en mettant fin à la course à la rentabilité des capitaux dans l’entreprise.

Sanctuariser certains lieux, domaines et ressources. Réfléchir sur le Bien public inaliénable.  Les communs (« les communs sont des ressources gérées et gouvernées de manière à assurer leur reproduction dans un souci de préservation de ces ressources sur le territoire concernés »).

Ce qui appartient à un Etat, n’appartient pas aux élus mais à l’ensemble des citoyens d’aujourd’hui et de demain.

Séparer l’essentiel du futile en matière de croissance économique. Retrouver le désir de l’objet nécessaire, plutôt que la consommation d’objets, immédiate et sans frustrations. La sobriété heureuse.

Mondialiser

La question sanitaire et sociale non pas en uniformisant et globalisant mais en gardant et en encourageant le maintien des cultures

La santé des uns dépend toujours de celle de l’autre et réciproquement

Accepter de ne pas vivre de la même façon partout sur la planète tout en gardant à l’esprit les valeurs universelles qui nous animent. Stopper la perte des identités locales afin de ne pas provoquer des réactions hostiles aux autres.

Préparer les prochaines migrations par une intégration et une adaptation des migrants à leur nouvel environnement culturel, passer un pacte républicain et laïc avec ceux qui veulent s’installer définitivement sur le territoire.

Retrouver une identité culturelle forte afin de ne plus craindre la menace extérieure liée à la migration.

Conclusion 

Faire émerger un nouveau récit …de nouvelles « lumières » autour du respect, de la Résilience et de la justice. 

[1] Hypocrate traité sur les épidémies

Hervé le Bras « Se sentir mal dans une France qui va bien »

Steven Pinker « le triomphe des lumières »

Michel serres « petite poucette »

Sylvain Tesson : « Que ferons-nous de cette épreuve ? »

Marcel Gauchet- article du Figaro – mai 2020

BLOG : L’EUROPE SOCIALE DES DROITS DE L’HOMME PAR PATRICK CAHEZ

Michel Wieviorka au «Soir»: «Le monde d’après devrait se préparer aujourd’hui»

Sandra Laugier : Qu’est-ce que le « care » Ed. Payot 2009

Sandra Laugier et Patricia Paperman : « Le souci des autres » Ed. EHESS 2006

A lire aussi

Un nouvel Horizon : La fin ou le début ?

La problématique Le période de confinement et de post confinement a été vécue par la plupart d’entre nous avec une certaine angoisse de la maladie pour nous et nos proches et comme une privation de...

Lire la suite
Un nouvel Horizon

Un nouvel horizon

Kierkegard avait raison en disant: « la vie doit être vécue en regardant l’avenir, mais elle ne peut être comprise qu’en se retournant vers le passé», sauf que cette compréhension ne peut advenir qu’avec un certain...

Lire la suite
Un nouvel Horizon

Se réinventer

« Se réinventer » a dit le Président de la République au plus profond de la crise sanitaire. « Améliorer l’Homme et la société », telle est la motivation de la Franc-maçonnerie. Faut-il entrevoir, une convergence d’idées, de réalisations...

Lire la suite
Un nouvel Horizon