Un nouvel horizon : une prospective maçonnique

Analyse de la situation et ce qu’elle est devenue en ces temps de crise : Comment en sommes-nous arrivés là ?

Au regard du déroulement de la crise et comment cela a été géré dans le monde et particulièrement aux États-Unis on ne peut s’empêcher de se demander qui est le grand perdant de cette crise. Il apparait que ce sont les couches économiquement faibles qui ont été les plus touchées notamment dans le cas des États-Unis les populations hispaniques, Africaines Américaines et Amérindiennes.

Sur le plan géopolitique, les grandes démocraties ont été ébranlées avec des populations pour le moins divisées et certaines ayant perdu confiance en leurs dirigeants avec un profond sentiment de réduction de leur liberté. Un peu partout dans le monde, la plupart des démocraties ont fait une gestion strictement politique et économique d’un problème sanitaire et social. Le COVID19 a même dans certains cas été instrumentalisée par les pouvoirs en place pour servir des intérêts politiques. Encore une fois, la dimension humaine n’a pas été suffisamment pris en compte dans les mesures prises alors que l’ «humain» aurait du être au centre des décisions de gestion de la crise. A cet égard, l’Amérique dans un contexte d’élection présidentielle sortira sans doute très affaiblie de cette crise dans le concert des grandes Démocraties. Les États-Unis semblent ramer à contre-courant par rapport aux autres grandes Démocraties telles que l’Allemagne, le Japon. Au sein des pays émergents si le Brésil a été très timide dans sa réaction, l’Inde a été plus volontariste dans sa gestion de la crise entrainant un arrêt de pans entiers de l’économie du fait des mesures drastiques de confinement avec pour corollaire un chômage en forte augmentation et donc une paupérisation de la population en général. Cela est l’expérience d’une grande majorité de pays en voie de développement notamment en Afrique, ou les marges de manœuvres sont plus étroites du fait de la plus grande rareté des ressources. Les mesures drastiques de confinement ne sont pas adaptées pour des économies essentiellement informelles (un grand nombre de gens vivent sur des revenus journaliers) ou pour un habitat très concentré. Lorsque ces mesures ont pu être appliquées, elles ont eu des impacts très négatifs sur le niveau de vie des populations.           

Sur le plan social, on a assisté à une aggravation de la fracture sociale dans la plupart des pays aussi bien développés qu’en voie de développement. La crise a exacerbé les inégalités entre les communautés selon les pays sur la base de la catégorie socio-économique, la race, la localisation (urbaine vs rurale) ou bien une combinaison de tous ou parties de ces différents facteurs. La situation peut s’aggraver davantage selon les valeurs et la culture locales dans les pays. Par exemple aux Etats-Unis, la culture a été fondée sur des valeurs très poussées d’individualisme et non sur la solidarité au point ou (à l’extreme) les populations n’acceptent pas les aides fournies par l’Etat. Le système Américain ne promeut pas le groupe et ne récompense que l’individu. L’administration Trump a pris des mesures qui sont loin d’être ultra-conservatrices (soins universels de santé avec stimulus) mais cela n’a pas porté ses fruits.

La crise du COVID19 révèle encore une fois les limites du système capitaliste qui réduit le succès de la gestion de la crise à des mesures politiques, économiques et financières plutôt qu’en termes de nombre de victimes ou bien de niveau de paupérisation générale. Le COVID 19 n’est pas une crise économique avec des conséquences sanitaires mais plutôt une crise sanitaire avec des conséquences économiques.       

Au regard de tout ce qui précède, il apparait que la crise du COVID19 vient fragiliser davantage un ordre social déjà instable, inégalitaire. Il vient aggraver l’écart entre les Hommes et les isole davantage dans leurs communautés. Le COVID 19 ne vient-il pas accroitre le risque d’une insurrection générale ou les plus pauvres (comme le mouvement des gilets jaunes en France) vont se soulever contre ceux qui possède et accumule tout?

Proposition d’actions concrètes

La grande question est de se demander ce que nous voulons voir en tant que Maçons et ce que nous pouvons faire. Force est de reconnaitre que la crise du COVID 19 et ses répercussions sont une question complexe et difficile pour laquelle il n’y a certainement pas de solution parfaite.

S’il est vrai que cela suscite une certaine perplexité chez certains de nos FF et SS vu l’enjeu, quelques solutions et actions concrètes ont peuvent être dégagées.

La première des choses est de concevoir et de définir ce que nous voulons accomplir ou bien opérer comme changement, ce que nous souhaitons voir au terme de nos actions. Sans aller jusqu’à souhaiter une révolution, nous pensons qu’il y a nécessité de faire des ajustements importants au système actuel.

Nous devons promouvoir une nouvelle manière d’aborder les questions de société, selon une approche plus humaniste. Nous devons aider ou tout au moins influencer une majorité de gens dans leur manière de penser, dans les valeurs qui les guident dans la résolution de cette question.

Nous devons être plus proactifs et nous engager plus ouvertement dans la société, nous devons aller au combat et faire du prosélytisme ou de l’entrisme afin de porter notre agenda et assurer le ralliement d’un plus grand nombre de personnes qui vont nous rejoindre dans notre combat. Cela suggère que nous devons si possible nous découvrir en tant que Francs-Maçons. Mais sommes-nous prêts à le faire car dans certaines sociétés nous sommes toujours très mal perçus.