La Maçonnerie face à la crise sanitaire

Si la commande du G\O\D\F\ nous impose de réfléchir aux conséquences du COVID sur la Société, il me semble, ne me trouvant aucune compétence à définir les axes et modalités d’actions afin de surmonter la crise et donner un nouvel élan – ce rebond que certains appellent résilience – il me semble indispensable de se pencher sur l’impact sur la Maçonnerie en général et notre Ordre en particulier – on pourra aussi envisager le point de vue de notre L\.

Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont pesé considérablement sur nos pratiques. La crise économique et sociale pouvant de surcroit avoir lourdement touché certains de nos FF\ dans leurs domaines professionnels, pour autant qu’ils aient été épargnés dans leur santé.

Confinement, distanciation sociale, pratique maçonnique.

La Maçonnerie, ayant pour but de « rassembler ce qui est épars » semble mal s’accommoder de la distanciation physique qui contraint les FF\et SS\à demeurer éloignés les uns des autres. Aux empêchements divers – liberté de circuler, de fréquenter sa famille, sorties interdites etc. – s’est ajouté pour nous l’impossibilité de nous réunir lors de nos Tenues d’obligation. S’il n’est pas douteux que ces mesures gouvernementales reprises et déclinées par notre Ordre, nos Loges, le Cercle etc., étaient indispensables – notre obédience ne pouvait être aussi inconséquente et dangereuse qu’un rassemblement évangélique – cela n’en pas moins été un violent coup d’arrêt à nos travaux, on pourrait même dire à notre initiation.

Quel que soit notre grade, notre ancienneté, nos fonctions, cette cessation d’activité – sans précédent depuis la 2^ème guerre mondiale – peut être lourde de conséquences.

Je veux croire que la solidité de notre Loge et des liens fraternels qui la caractérisent nous permettront de surmonter ce « passage à vide ».

Nous pouvons néanmoins pointer quelques difficultés liées à cet éloignement contraint et anticiper quelques problèmes actuels ou à venir.

C’est aussi en ayant cela à l’esprit que notre R\L\ en la personne de notre V\M\ nous a engagé, à l’instigation de l’obédience qui s’attèle à la rédaction d’un livre blanc destiné à … ? qui aura le mérite de nous inviter à poursuivre la réflexion et le travail en commun relatif à notre engagement à « améliorer l’homme et la société ». Pour autant, le Franc-Maçon y trouve-t-il son compte ? D’où émergent les problématiques suivantes :

• Peut-il y avoir une « télé-Maçonnerie » à l’image du télétravail profane ?
• La prise de distances des FF\avec la L\ et l’Ordre, aura-t-elle des conséquences sur les comportements futurs ?
• Nous nous reconnaissons – entre autres – à des mots, signes et attouchements, qu’en est-il si au moins un des moyens de reconnaissance disparait ?
• La perte, même momentanée, du chemin du Temple, ne va-t-elle pas durablement impacter la pratique de certains ?
• Etc.

Mais aussi et surtout, ainsi que nous le répétons à longueur d’années, il n’est de travail qu’en Loge, car c’est au sein de celle-ci que se met en place et s’effectue l’initiation de chacun. On pourrait la définir ainsi : je m’initie par moi-même avec le concours de tous mes FF\.

Ainsi que l’a finement écrit notre F\ Jean Grave on peut travailler seul comme manger seul, mais cela a moins de gout. Il ne faudrait d’ailleurs pas s’illusionner sur les vertus de ce travail à distance. Il a le mérite d’exister, de ne pas ajouter à l’éloignement physique l’absence de travail et de réflexion, mais il diminue, quand il ne la supprime pas, l’interaction entre les membres de la L\, ce jeu des prises de paroles indispensables à la progression de notre pensée.

On a pu dans certains ateliers ou groupes de travail avoir recours à des visioconférences (le logiciel Zoom a connu un essor extraordinaire). Si ce moyen de communication a ses mérites – j’ai constaté son utilité dans le monde du rugby lors de réunions virtuelles avec la FFR ou la Ligue – il a ses limites dans notre Ordre. À moins qu’il ne s’agisse d’un manque d’habitude.

Dans son excellent travail Jean Grave envisage la possibilité d’autres pratiques qui pourraient passer par l’évolution de nos rituels. L’avenir se chargera d’y apporter des réponses.

Un autre écueil se présente aussi : la perte possible du chemin du Temple, ce phénomène bien connu qui veut que l’on s’habitue à ne plus venir. Insidieusement l’absence devient acceptable, et le retour plus difficile. Il nous faudra veiller au décrochage possible de certains FF\ et les accompagner si le besoin s’en fait sentir. Ce qui pourrait être aggravé par des difficultés financières.

Conséquences économiques.

Celles qui touchent l’ensemble de la société n’ont pas épargné les membres de notre obédience. Si les retraités et les fonctionnaires sont relativement épargnés, d’autres auront souffert plus gravement et subir des pertes conséquentes de revenus, Il faudra aussi veiller à cela, et que la solidarité individuelle et collective s’exerce. Ce d’autant que beaucoup de LL\ possèdent des réserves financières suffisantes pour aider au moins au paiement des capitations, afin d’éviter que la crise empêche certains de poursuivre leur parcours maçonnique.

Le G\O\ n’est pas en danger à ce niveau-là, d’autant que des économies substantielles sont possibles, ne serait-ce qu’en réactivant l’idée de Convents tous les 3 ans.

Affaire à suivre…

Cibles :

Ne pas se satisfaire d’une Maçonnerie distanciée

S’assurer que nos FF\ et SS\ ne perdent pas le chemin du Temple

Veiller aux conséquences économiques qui pourraient frapper certains de nos membres.