Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’école, pour réussir sa vie

Respectable Loge, Intersection, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : Égale reconnaissance des voies de formationPréparation à des métiers ou à des fonctions socialesSocialisationTransmission des connaissances

Problématique : recentrer l’école sur ses missions et ses responsabilités !

L’école n’est pas seule responsable de la réussite de la vie, mais elle peut jouer un rôle éminent et déterminant. La question « que veut dire réussir sa vie ? » peut recevoir des réponses multiples, diverses et contradictoires, tant elle met en jeu l’infinité des subjectivités et des points de vue. Elle fait l’objet d’innombrables ouvrages de philosophie qui se gardent bien d’apporter une réponse autre que d’approfondir un questionnement infini.

   C’est dire si poser la question dans le cadre d’une réflexion sur l’école traduit le niveau démesuré d’attente, d’exigence, d’ambition à l’égard de l’école, particulièrement dans le contexte très spécifique du lien intime entre la Franc-Maçonnerie et l’école de la République : de l’action et de la qualité de l’école dépend que les jeunes qui la fréquentent réussissent leur vie. Quelle responsabilité écrasante !

   La réussite scolaire n’est pas la réussite de la vie : l’école n’a pas à porter la responsabilité de la réussite de la vie de chacun des jeunes qui en sont issus. La réussite d’une vie ne doit pas se déterminer par un diplôme acquis en formation initiale.

   Mais l’école exerce trois missions qui peuvent conditionner la réussite d’une vie :

– la transmission des connaissances et l’accès au savoir, qui permettent aux jeunes de comprendre et de maîtriser le monde dans lequel ils vivent, d’exercer, grâce à la raison, leur esprit critique ;

– la socialisation des jeunes, l’apprentissage des comportements et des relations en groupe, du respect mutuel entre les élèves et les étudiants, leurs maîtres, et tous ceux qui concourent au collectif des établissements scolaires ou supérieurs ;

– la préparation à un métier (et, de plus en plus, à plusieurs métiers) ou à des fonctions sociales qui nécessitent à la fois des connaissances et des compétences comportementales.

   Dès lors, l’école doit assumer la responsabilité de ses missions en relevant deux défis : 

– rendre en compte l’infinie diversité des vies réussies possibles et en faire prendre conscience ;

– constituer, par la place qu’elle doit prendre dans la formation tout au long de la vie, un repère et un recours, pour tous ceux qui savent, grâce à elle, que rien n’est jamais acquis et qu’une vie réussie est d’abord une vie d’apprentissage continu.

    L’école pourra alors contribuer à aider chaque jeune à devenir à la fois un citoyen libre et éclairé, affranchi des préjugés de son environnement, et un agent économique et social, prêt à comprendre le monde et à le transformer, par son travail et par son action dans la société 

L’enjeu : Un « mal bien français », à savoir la surdétermination de la réussite scolaire et du diplôme initial et la hiérarchisation méprisante des métiers et des rôles sociaux

   Paradoxalement, l’école, en particulier en France, est victime de sa réussite et des espoirs qu’elle suscite, tant elle est liée au modèle républicain de méritocratie et d’ascension sociale. Cela conduit à une hypertrophie de la réussite scolaire et du diplôme initial, qui déterminent à l’excès les parcours professionnels et sociaux ultérieurs auxquels s’assimile la réussite d’une vie. 

   S’il est légitime et souhaitable que l’école « arme » les jeunes par les connaissances et les compétences qu’elle leur permet d’acquérir pour réussir leur vie, c’est un véritable dévoiement de sa mission que de confondre la réussite scolaire – l’excellence des diplômes initiaux, obtenus par les effets de comparaison et de compétition – avec la réussite d’une vie qui repose aussi, voire principalement, sur l’acquisition de savoirs désintéressés et sur des comportements sociaux qui dépassent le seul cadre des succès individuels.

   L’attachement à l’excellence scolaire, qui se manifeste tout au long d’un parcours de formation, de la maternelle aux grandes écoles, conduit également à ne valoriser qu’un seul modèle de réussite, celui qui privilégie l’abstraction et les connaissances académiques au détriment des connaissances et des compétences sociales et professionnelles. 

   Il s’ensuit une hiérarchisation des parcours et des voies de formation, qui entretient les hiérarchies sociales (à moins qu’elle en soit issue !), alors qu’une égale dignité et un égal respect devraient s’attacher à la diversité des métiers, des rôles sociaux et des formations qui y préparent, tous nécessaires à une vie en société harmonieuse.  Les termes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen demeurent d’une exigeante et brûlante actualité : « Tous les Citoyens étant égaux aux yeux de la Loi sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. ». C’est bien dans la mission de l’école de les incarner. Force est de constater que les hiérarchies qui se sont installées au sein de l’institution scolaire, qui reflètent celles de la société, l’en ont éloignée et ont introduit une dichotomie entre ses pratiques et les valeurs qu’elle enseigne. Cette dichotomie est délétère pour la crédibilité qui doit être la sienne.

   Enfin, l’on doit relever la difficulté de l’école à reconnaître et valoriser la formation tout au long de la vie, ce qui explique la place faible et méconnue qu’elle occupe dans le domaine de la formation professionnelle continue. 

Repenser l’orientation dans une perspective d’ouverture de l’école et de formation tout au long de la vie

   Une rénovation des pratiques d’orientation est nécessaire, pour qu’elles soient davantage centrées sur l’écoute, les intérêts et les compétences des élèves. Il pourrait être opportun, par exemple, d’implanter les conseillers d’orientation dans les lycées mêmes plutôt que de continuer à les sanctuariser dans les CIO. On pourrait aussi s’inspirer des pratiques de l’armée, qui parvient à repérer les capacités et les potentialités des soldats ou aspirants soldats et à leur faire acquérir des savoirs faire que l’école n’a pu ou su leur donner.

   GRETA et VAE : Pour renforcer la place de l’école dans la formation tout au long de la vie, et pour mieux reconnaître, dans le même temps, les voies de formation professionnelle, le rôle discret et précieux des GRETA pour les formations de niveau scolaire mériterait d’être davantage reconnu comme répondant à une mission éminente de l’école. De la même manière, les difficultés, les réticences et les obstacles mis à la validation des acquis de l’expérience devraient être levés pour que ses volumes soient moins homéopathiques et pour en faire une voie massive de promotion professionnelle et sociale.

   Ouvrir l’école sur l’extérieur : L’école ne peut ni ne doit agir seule. Elle doit s’ouvrir à son environnement, qui est celui des élèves et des étudiants qu’elle accueille, et donner plus de place aux signes de reconnaissance extrascolaire, en articulation avec ses propres valeurs et missions. Les collectivités territoriales, les associations, mais aussi les milieux professionnels, ont un rôle éminent à jouer à cet égard.

   Renforcer les liens avec les familles : il convient de renforcer la proximité entre l’école et les familles, comme la crise sanitaire en a donné l’occasion, en a révélé et amplifié la nécessité.

Proposition phare : ouvrir l’école sur l’extérieur, avec les collectivités territoriales, les associations, mais aussi les milieux professionnels et les familles.

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