Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’individu et la société

Respectable Loge, Les Francs Chevaliers de Saint André d’Écosse et Solidarité réunies, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Fondement

La Poule et l’œuf ou comment l’individu se fonde.

L’individu est-il une personne unique ou une unité organisée ?

L’individu, la personne se construit par :

  • L’éducation familiale qui est hélas source d’inégalités, de statuts, de lieux, de moyens…
  • L’éducation nationale, l’École nourrissant les espoirs mais aussi les humiliations, les rancœurs, l’esprit de compétition et les inégalités …
  • L’éducation sociale qui tend à le cantonner dans un rôle de consommateur-producteur moteur d’une croissance censée lui apporter un bonheur individualiste et l’espoir-illusion d’être un jour un des premiers de cordée…

Originellement l’individu est un être social ou sociable. Et lui-même agit sur la construction de la société en choisissant d’agir avec altérité, empathie, respect ou avec individualisme, rejet et la défiance-compétition envers l’autre. L’autre pouvant être une autre personne ou un corps social organisé. Il alterne ainsi, naturellement, entre l’Eros, cette pulsion de vie, et la lutte commune contre le Thanatos. Il vote et se laisse bercer, berner puis se rebiffe ou s’enferme dans le silence des urnes. Durant 5 ans l’individu ne peut s’exprimer ou exercer le moindre contrôle citoyen hors celui de la rue. Source de conflit plutôt que de concorde. La pulsion individuelle de vie est trop peu sollicitée.

L’individu est aussi inscrit dans un schéma plus global comprenant le monde et sa biodiversité. Il appartient au monde du vivant. Cette triple appartenance lui confère sa propre part de responsabilité personnelle, citoyenne et mondiale, cette part ne peut se lire sans une réflexion sur l’usage des biens privés, publics ou communs ou mondiaux. Il conviendra de préciser que l’acception « communs » englobe la nature et ses ressources, et le monde animal. Ceci à l’échelle universelle terrestre et extra-terrestre. La pulsion de vie commune est trop peu sollicitée.

Comme un plat chinois « aigre-doux ».

Dans « Bullshit Jobs » David Graeber, anthropologue à la London School of Economics a montré que nombre de métiers sont devenus vides de sens, ayant pour seul objet de contrôler des normes et de faire du reporting. Cela touche aussi les cadres. Les travaux de Eilis Lawlor, Helen Kersley et Susan Steed et l’ouvrage de vulgarisation de Julien Brygo et Olivier Cyran « Boulots de merde du cireur au trader » ont mis en relief la valeur sociale des métiers en fonction de leurs effets positifs ou négatifs sur la collectivité. Or l’échelle des rémunérations ou de la reconnaissance sociale est inverse de l’utilité sociale.

Le confinement nous a rappelé que nous nous ne sommes pas tout puissants. Le confinement nous a appris que les solidarités sont essentielles et nous a montré la valeur d’une communauté unie opposée à une société individualiste. Souvent, on a du faire fi des normes pour « œuvrer au service de ». Il a permis à la Nature de reprendre un petit peu sa place. La Covid 19 a mis en lumière les derniers de cordées, ou les premiers de corvées et des individus ont montré que nombre de « Bullshit Jobs » les plus basiques et indésirables et souvent les moins reconnus socialement sont indispensables au fonctionnement de notre société.

« Ainsi, plein de bonnes intentions ont surgies ». Elles ont montré que malgré les normes, les procédures et les hiérarchies ; elles savaient s’organiser, se réinventer et donner du soi et du nous pour faire face. Elles ont montré que leurs revendications depuis des décennies n’étaient pas que de simples caprices. Et, elles posent la question de « qui sont les sachants ? ».

Ce peut être un heureux prélude au changement : « le plus à profiter individuel, le plus à jouir, ou simplement le plus à se protéger personnellement » peut-il être un modèle de société ? Le sens de la vie ne se montrerait-il pas davantage dans l’altérité, l’empathie et une conscience d’appartenance à un monde fait aussi d’autres et de la nature.

Mais on observe aussi, le maintien de l’individualisme et la ruée sur le papier toilette, le retour des Corbeaux et leurs cohortes de dénonciateurs. Le retour de la logique d’avant et les incitations gouvernementales à « relancer la croissance ». Et parfois, l’espoir de certains dirigeants d’entreprise de revenir au monde d’avant, travailler plus, accepter des diminutions de salaire, annoncer des plans massifs de licenciement. Avec pour effet le rebond de la bourse, et l’enrichissement massif de nos plus riches durant la même période. Plus important, on a observé, une soumission nationale sans ampleur au gouvernement et aux seuls scientifiques qui pourtant se sont maintes fois contredits ou dédits.

Ce peut être le prélude à mise à la mise mal des libertés individuelles et collectives, ce peut être un outil de gouvernance des « individus », en les coupant du collectif, voire même de la famille. Ici un préfet se sent autoriser à interdire un type de tee-shirt ou une écharpe, là 2 gendarmes se croient tenus d’interdire le topless. Ce n’est peut-être qu’un début.

Enfin, les communautarismes militants, souvent religieux, ne sont t’ils pas le levain d’une forme d’individualisme de groupe ?

Alors comment trouver le juste équilibre entre respect de l’individualité et vie commune : locale, nationale et mondiale.

Quelques pistes, quelques Utopies :

Agir pour que chaque individu ne se sente plus un pion et ose s’impliquer dans la vie commune. Les membres des partis politiques et les forces dites représentatives étant largement minoritaires sur le territoire. On ne peut agir efficacement que si l’on se sent utile et non utilisé. Rendre à l’individu sa vraie place dans la production-consommation, en commençant par l’entreprise avec, par exemple, autant de représentants des salariés que des actionnaires dans les conseils d’administration des entreprises. « Dénormer » autant que possible pour céder la place à la conscience individuelle et collective comme l’ont montré les soignants. Cesser de « gâcher » du temps utile et nécessaire en tâches administratives, souvent confinant au surréalisme. Rendre sa place quotidienne à l’individu dans la République par la mise en place d’assemblées, de conseils municipaux par simple tirage au sort. Ou pour le moins par une part significative « d’élus » non soumis à un parti. Ou instituer des instances de contrôles, avec des membres tirés au sort. Soutenir, au lieu de se désengager comme l’ont fait l’état français et l’Europe, les associations humanitaires qui pallient les carences de l’état. Et, qui ont su se montrer indispensables durant la crise sanitaire. Soutenir et promouvoir les pionniers qui cherchent des solutions innovantes pour améliorer nos modes de vie et impulser ceux qui on l’envie et la force de développer des alternatives vers une économie équitable, et plus respectueuse de notre terre. Enfin, l’éducation nationale a un rôle majeur à jouer. Elle doit aider chaque individu à trouver sa place dans la société selon ses aptitudes et appétences (voir les modèles scandinaves). En cesser avec la fabrique d’élites par exclusions successives et de former pour le seul marché du travail. Et se recentrer sur sa mission républicaine et humaniste à savoir former des futurs citoyens aptes à lire, compter, analyser mais aussi critiquer, proposer, partager. En conscience de sa responsabilité citoyenne et mondiale. Ces objectifs ayant priorité sur les matières. Cela pourrait passer par l’introduction massive de la philosophie, le sens de la vie et non pas l’étude des philosophes, et de l’instruction civique dès le plus jeune âge. Insister sur une laïcité bien comprise qui est le pilier de l’acceptation de l’autre et de l’union citoyenne. Surtout, à l’instar des Lumières, accepter de le faire à la simple échelle de notre nation dans l’espoir d’engager un mouvement de rayonnement, simplement par l’exemple. Certes le rayonnement par l’exemple a ses limites. Le GODF et chaque Loge pourrait à sa manière s’engager d’avantage, non pas en appui d’un parti politique, mais simplement pour la défense de nos valeurs humanistes. Déjà en parlant à chacun. Par exemple, comme les questions à l’étude des loges, une tenue blanche par an obligatoire, Il n’est pas certain que nous disposions encore de 6000 ans pour attendre gentiment la concorde universelle.

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